28.04.20 - Actualités

Surréalisme selon Starck

Un extrait du livre "Impression d'Ailleurs" Editions de L'Aube de Philippe Starck avec Gilles Vanderpooten 


« L’héritage du surréalisme est intéressant : la possibilité de mettre en incongruités la réalité a été très libératrice et fertile. La tension, l’explosion, l’étincelle issue du télescopage est formidable. On la retrouve dans l’exemple du quartz qu’on presse pour en obtenir de l’électricité. Vous frottez deux pierres l’une contre l’autre qui sont tellement antinomiques qu’en jaillit un troisième élément.

 

L’intérêt du surréalisme est qu’il est « rigolo ». C’est un bon ticket d’entrée pour la poésie, la mise à distance, la mise en perspective, en réalité et en humour, la rébellion, la subversion…

 

On pourrait dire que Je fais du « néo-surréalisme » lorsque j’emploie des styles qui ne vont pas ensemble ou des objets qui ne devraient pas se trouver là où ils sont. Ce sont des réveille-matins, ce que j’appelle des «  surprises fertiles  ». On prémédite des pièges afin que l’œil routinier soit réveillé par une anomalie. Comme je n’y porte pas de caractéristique culturelle, je m’en fiche : je peux faire n’importe quoi. Je suis très libre dans ma production. Dans mon processus de travail apparait naturellement un catalogue d’anachronismes, d’incongruités, que j’utilise au fur et à mesure. Mon seul talent est que mon catalogue ne vient pas de nulle part et s’il tombe bien, ce n’est pas par hasard. Il relève d’une stratégie sous-jacente, une envie, une préméditation d’effet sur l’autre.

 

On peut voir dans le surréalisme un effet d’optique, des subjectivités, un état fiévreux, ou bien encore une sur-sensibilité. Mais le réel, malgré son essence de cocktail improbable qui s’agite dans tous les sens, orienté plus ou moins de travers, est assez intéressant pour ne pas avoir besoin d’imaginer en vain un plus-que-réel. »


Ph.S 

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