À PROPOS
« Subversif, éthique, visionnaire, politique, humoristique, poétique: voilà l’idée que je me fais de mon devoir de créateur. » Philippe Starck
Un parcours riche de 10 000 créations – réalisées ou en cours, une notoriété internationale et une infatigable inventivité protéiforme ne doivent pas faire oublier l’essentiel, Philippe Starck a une mission, une vision: que la création, quelle que soit la forme qu’elle prenne, rende la vie meilleure pour le plus grand nombre.
Ce devoir éminemment politique et poétique, rebelle et bienveillant, pragmatique et subversif, Starck affirme avec force qu’il devrait être partagé par tous et le résume avec l’humour qui accompagne sa démarche depuis ses débuts : « Personne n’est obligé d’être un génie, mais chacun est obligé de participer.»
Aux yeux de cet accompli citoyen du monde, partager sa vision éthique et humaniste d’une planète plus égalitaire est un devoir, si ce n’est un impératif moral, qui donne naissance à des projets non conventionnels, porteurs de surprises fertiles. On devine sans peine sa ligne de conduite : un objet doit être bon et utile, avant d’être beau.
Sa vigilance précoce pour les implications écologiques, sa compréhension profonde des mutations contemporaines, son enthousiasme à imaginer de nouveaux modes de vie et des solutions alternatives, sa détermination à changer le monde, son engagement pour une décroissance positive, son amour des idées, son souci de défendre l’intelligence de l’utile – et l’utilité de l’intelligence – l’ont transporté de création iconique en création iconique. Des produits de notre quotidien tels des meubles ou un presse-citron en passant par des méga-yachts révolutionnaires, des hôtels aspirant à être des lieux stimulants, fantasmagoriques et intensément vivants, jusqu’aux miracles technologiques que sont l’éolienne individuelle, la voiture électrique et le module d’habitation spatial, il n’a cessé de repousser les limites et les critères du design contemporain.
C’est en véritable visionnaire qu’il met cet art de l’innovation au service d’un design et d’une écologie démocratique, tournés vers l’action et respectueux du double héritage humain et naturel, notamment avec Elise by Starck- corbeille de recyclage citoyenne et solidaire, Zartan - première chaise rotomoulée entièrement recyclée, ainsi que les maisons P.A.T.H. – habitats préfabriqués de haute technologie, modulables et accessibles - sont venues récemment attester de la pérennité de cette démarche initiée en 1994 avec la maison préfabriquée en bois proposée en kit par le catalogue des 3 Suisses.
Anticipant les phénomènes de convergence et de dématérialisation qui s’annoncent, Philippe Starck vise le cœur, souligne l’essentiel, extrait le minimum structurel de chaque objet, afin d’offrir les créations et les propositions les plus proches de l’Homme et de la Nature, les mieux adaptées à l’avenir, tel que le Sailing Yacht A - symbole d’une élégance minimale, les casques Parrot, la bague Aeklys by Starck et les chaussures Baliston by Starck, intelligents et connectés.
Ses rêves se font solutions si vitales, si essentielles, qu’il a été le premier Français invité à participer aux fameuses conférences TED (Technology, Entertainement & Design) Talks rejoignant des intervenants renommés, tels Bill Clinton ou encore Richard Branson.
Explorateur, inventeur, créateur, architecte, designer, directeur artistique, Philippe Starck est tout cela, mais surtout un honnête homme dans la pure lignée des artistes de la Renaissance.
« Mon père était ingénieur aéronautique. Pour moi ce fut comme une obligation à l’invention. » Philippe Starck
Philippe Starck naît en 1949. De son enfance passée sous les tables à dessin de son père, ingénieur aéronautique et constructeur d’avions, il retient une leçon primordiale : tout doit s’organiser de manière élégante et rigoureuse, tant dans les rapports humains que dans la finalisation de la vision qui préside à tout geste créatif. Convaincu que c’est précisément cette philosophie qui permet que la création soit profitable à tous, il œuvre avec enthousiasme à faire bien, dans le moindre détail.
Des années plus tard, a-t-il vraiment quitté son premier bureau improvisé ? À l’en croire, pas tout à fait : « Finalement, ce sont des jeux d’enfants, des jeux d’imagination, sauf que grâce aux talents divers et surtout à ceux de l’ingénieur, quelque chose se réalise. Je suis un gamin rêveur, avec la légèreté et la gravité des enfants. J’en assume la rébellion, la subversion, l’humour. » Il complète cet aveu d’une boutade : « Il n’y a pas de travail dans ma vie. Il n’y a que du jeu, de la curiosité, de la générosité, de la vision. »
Etudiant, peu assidu, à l’Ecole Nissim de Camondo à Paris, Starck conçoit dès 1969 une structure gonflable pour l’association Perce-Neige, amorce d’une réflexion sur l’immatérialité, et témoigne déjà de son intérêt précoce pour les lieux de vie : révélation qui lui vaudra son premier succès lors du Salon de l’Enfance. Peu de temps après, Pierre Cardin, séduit par son design iconoclaste, lui propose le poste de Directeur Artistique de sa maison d’édition.
Quelques objets emblématiques plus tard, dont une lampe volante et un néon portatif, ce rêveur intrépide imagine en 1976 le décor audacieux de la boite de nuit La Main Bleue à Montreuil. Ce club à la créativité debridée et foisonnante marque une véritable rupture dans l’univers des boites de nuit et devient un lieu unique expérientiel et émotionel pour une nouvelle jeune génération.« On a créé la Main Bleue comme un trou noir, devenu instantanément le firmament de tout ce que la nuit veut cacher. Celui qui un jour a descendu le grand escalier où résonnait exagérément le son de Dillinger, gardera à jamais un souvenir ému du côté sombre de sa jeunesse. » Il imaginera ensuite le mythique club parisien Les Bains Douches (1978) et le Starck Club (1984) à Dallas, Texas.
Parallèlement, à la fin des années 1970, il fonde sa première société de design industriel, Starck Product, qu’il rebaptisera Ubik en référence au célèbre roman de Philip K. Dick, et entame ses collaborations avec les grands éditeurs italiens – Alessi, Driade, Kartell– et internationaux – l’Autrichien Drimmer, le Suisse Vitra ou l’Espagnol Disform. Une liste de partenaires qui s’étoffe au fil des années, notamment avec l’Allemand Duravit depuis 1990, toujours avec la même intuition que « pour avoir de beaux enfants, il faut que les parents soient amoureux. »
En 1983, le grand public continue de découvrir Philippe Starck lorsque le Président François Mitterrand, sur la recommandation de Jack Lang, Ministre de la Culture, choisit son projet pour la décoration des appartements privés de l’Elysée, symbolisant ainsi la reconnaissance du design par les institutions. Dès l’année suivante, sa renommée internationale se confirme avec le Café Costes – qui réinvente les codes du café parisien au point de devenir Le café par excellence : un lieu nouveau et inédit, une première réflexion sur l’élégance du fonctionnel au diapason d’une société en mutation, qui contient toute l’essence de l’architecture Starck en concourant à favoriser la naissance et l’épanouissement d’une communauté.
« S’il n’y a pas de vision, humaine, sociale ou amoureuse, un projet n’a pas de légitimité à exister. » Philippe Starck
L’émergence d’un nouvel espace, restaurant, bar, hôtel, est toujours l’occasion pour Philippe Starck de s’interroger en profondeur sur la signification de la création : le sens d’un espace au sein de son environnement, le sens que prendra le lieu pour celles et ceux qui le peupleront, le sens d’un projet - quelle que soit son ampleur - au sein de l’évolution humaine. La création ne peut être vaine ou gratuite.
Elle implique en amont une conscience de ses implications pour l’humain et son environnement et une responsabilité envers le futur. « Mériter d’exister fait partie de l’idée du travail [...] Chacun doit apporter quelque chose – si ce n’est une montagne, alors un rocher, un caillou, un grain de sable » résume Philippe Starck. Cette approche modeste est pourtant nuancée par l’ambition du rêveur qui croit fermement à la possibilité d’apporter des solutions aux problématiques contemporaines. Mais ses solutions, Philippe Starck refuse de les imposer. Elles se déploient telles des histoires qui s’offrent à la libre écoute : « Mon travail est celui d’un réalisateur de film. Il consiste à raconter des histoires et à offrir aux publics l’idée la plus complète possible de l’esprit des lieux qu’ils visitent. Les espaces publics sont avant tout des émotions et des expériences. » Car au cœur de tous les projets de Starck, c’est bien l’attachement à l’humain qui prédomine et la volonté de générer des émotions puissantes, et de s’assurer que chacun trouve en entrant dans ces lieux ce qu’il y attendait, et même plus :« Un endroit parce qu'il fait trop froid dehors, parce qu'ils ont faim, parce qu'ils ont soif, parce qu'ils veulent s'amuser. »
Bien qu’il ne se considère pas prioritairement comme un architecte, Philippe Starck conçoit au début des années 80, notamment au Japon, plusieurs immeubles aux formes jusqu’alors inédites. Le premier, à Tokyo, Nani Nani, achevé en 1989, frappe par sa singularité : un bâtiment anthropomorphique, à l’architecture clairement démonstrative et recouvert de cuivre, un matériau vivant qui évolue avec le temps. Il est né d’une conviction forte : la création doit être fermement ancrée dans un environnement, certes, mais sans le bouleverser, en s’y associant plutôt, avec le plus grand respect. L’architecture de Starck, à l’image de son travail, est viscéralement et explicitement éthique et soucieuse de l’humain.
Un an plus tard, il confirme son statut de chef de file d’une architecture avant-gardiste avec l’Asahi Beer Hall à Tokyo, puis le Baron Vert en 1992, un ensemble de bureaux à Osaka. Précurseur d’une démarche impressionniste, il réalise des bâtiments qui, même voués au travail, se réclament de la vie, de son ébullition permanente. En France il signe la tour de contrôle de l’Aéroport de Bordeaux-Mérignac (1997) et l’extension de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris (1998). Jean-Paul Gaultier fait confiance à son imagination pour transformer ses boutiques de Londres et New York. Plusieurs marques prestigieuses telles que Hugo Boss, Mikli, Taschen et plus tard Baccarat font également appel à la créativité unique de Philippe Starck pour concevoir leurs boutiques et musées.
Avec le projet immobilier Yoo, initié à Londres en 2001 avec le magnat de l’immobilier John Hitchcox, Philippe Starck rompt avec les conventions du logement d’architecte en proposant des appartements aux plans et volumes modernes en adéquation avec les attentes des membres de sa « tribu sentimentale » à travers leur vision de « village vertical ». Aboutissement d’une vie de recherches et de visions, Yoo est aujourd’hui fort de plus de 70 projets répartis dans plus de 30 pays, de l’Asie à l’Australie en passant par l’Amérique, l’Europe et le Moyen-Orient.
Philippe Starck poursuit cette vision avec deux projets en Amérique du Sud : l’architecture et la décoration du spectaculaire et intemporel hôtel Faena El Porteno à Buenos Aires (2004) ainsi que l’architecture extérieure et intérieure du Fasano, un immeuble de 8 étages face à la mer, sur la plage d’Ipanema à Rio de Janeiro (2007). Cet hôtel est un hommage discret, humble et sincère aux designers brésiliens des années 50 et 60, si novateurs dans leur approche de l’environnement. Par l’utilisation élégante du bois, du verre et du marbre, Starck parvient à retranscrire l’esprit sophistiqué et décontracté de la ville au sein d’un lieu magique offrant un panorama sublime sur l’océan Atlantique.
Philippe Starck fait également preuve d’un attachement sincère aux lieux publics où il souhaite que s’établisse une communauté humaine déterminée à œuvrer pour le changement. « Je suis porté par un sujet majeur : l’aventure de notre espèce humaine dont la plus belle manifestation de son intelligence est la créativité. Il ne faut jamais oublier que le bien vivre ensemble implique de vivre en harmonie. » Cette réflexion s’est prolongée dans la réalisation en 2010, à Bilbao, de l’Alhondiga Azkuna Zentroa, un centre culturel de près de 30 000m2. « Ce projet renferme la cristallisation de la vie », explique le créateur. « Nous avons préservé la façade 1909, tout comme les murs d’une dizaine de mètres d’épaisseur. Et c’est précisément dans ces murs que l’histoire du bâtiment se déroule. Aucun espace au monde ne propose autant d’activités au même endroit : on peut y travailler, manger, boire, voir une exposition, faire du sport ou lire. J’aime cette idée de communion, d’entremêlement des activités, tout en restant très pratique et fonctionnel. Tout cela procure quelques moments magiques des plus surprenants parce que c’est une expérience encore inédite. Les passants peuvent observer tout cela à travers les vitres : je m’occupe de mettre la vie à portée de vue. » Ce projet ambitieux et vital est récompensé en 2017 par le prestigieux prix ULI Global Awards for Excellence.
2010 a également été une date clé dans le monde du nautisme de plaisance, quand Philippe Starck, cet amoureux fou des bateaux qui selon son propre aveu « ne peut pas vivre sans la mer », a dévoilé le Port Adriano à Majorque. Il y propose un nouvel urbanisme, brouillant les frontières entre le port et les bateaux, entre la mer et la terre. Par la création d’un parking souterrain, la beauté du site se voit ainsi préservée alors que les accès aux espaces sont facilités. Il poursuit ainsi sa réflexion volontariste sur l’invisibilité et la dématérialisation : « L’architecture est presque invisible, explique-t-il, elle ne se remarque que dans un deuxième temps. » Et parce qu’il place définitivement l’humain et la nature au centre, le projet de Philippe Starck se fait également respectueux des normes environnementales, privilégiant la réduction des émissions de CO2. Lucide sur notre société, il perpétue ainsi à travers ce projet une vision responsable de la création : « Nous sommes prisonniers d’une société où tout est jetable. La seule manière de nous en sortir est de créer un design durable », affirme-t-il à cette occasion.
A l’entrée du marché aux puces de Saint Ouen, se dresse depuis 2012 le restaurant Ma Cocotte. Avec cette grande bâtisse de briques, de béton et de zinc, Philippe Starck rend hommage à l’architecture typique du quartier et à ses habitants, celle d’un royaume de marchands et de cultures qui le fascine depuis toujours par sa vie bouillonnante et sa simplicité. Une vie qu’il s’est attaché à reproduire à travers un lieu confortable et accueillant, chaleureux et éclectique. Ma Cocotte aux Puces est un lieu de plusieurs vies : proclamé en 2013 « l’un des restaurants les plus beaux et les mieux conçus du monde » par le magazine AD USA, il a changé en 2019 de propriétaires qui ont revus l’intégralité du concept et de la cuisine.
Cette vision architecturale honnête, privilégiant la vie à toute forme de démonstration, se décline tout naturellement au fil des années. Le Nuage qui a vu le jour en 2014 à Montpellier, s’impose en destination poétique, un village vertical propice à la vie sociale de toutes les tribus, autour d’activités culturelles, sportives et de détente. Enveloppé d’une membrane transparente en polymère dite ETFE, Le Nuage est le premier bâtiment privé gonflable réalisé en Europe.
Avec le projet P.A.T.H. (Prefabricated Accessible Technological Homes), disponible depuis octobre 2014, Philippe Starck propose cette fois-ci une nouvelle approche de la maison individuelle préfabriquée de haute technologie et destinée au plus grand nombre.
De l’autre côté de l’Atlantique, la Maternité Matarazzo à Sao Paolo au Brésil, est l’un des rares monuments historiques de la ville à avoir été préservé. Le projet, achevé en 2022, l’a transformé en Cidade Matarazzo. Eclectique, bouillonnant, traversé d’énergies vivaces, il accueille un hôtel, des centres culturels, des jardins et des des échoppes dédiées aux artisans d’art. L’ensemble architectural a été restauré dans le plus grand respect de son héritage historique pour se métamorphoser en un incontournable épicentre créatif. Ce projet marque la profonde croyance de Philippe Starck au pouvoir de réhabilitation d’un espace par la culture et sa volonté soutenue de créer des lieux prônant et améliorant le « vivre ensemble ».
Les origines du domaine viticole du Château des Carmes Haut-Brionremontent au XVIème siècle et l’on y produit du vin depuis le XIXème siècle. Si son prestige est intact, son nouveau propriétaire, le Groupe Pichet qui l’a acquis en 2010, a souhaité l’inscrire dans le futur. Ainsi, 2016 a vu l’inauguration de son nouveau chai, un bâtiment à la silhouette métallique élancée, conçu par Philippe Starck telle une lame brute, minimale, élégante, ancrée dans son environnement, incarnant tout naturellement “l’évocation, l’intuition, et le reflet” d’une grande maison du vin. En 2018, le chai a reçu le prix « Best of d’Or », dans la catégorie architecture et paysage décerné par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux.
Cette démarche éthique et démocratique, le créateur l’exprime de manière globale, de l’architecture d’immeubles et lieux privés à celle d’espaces publics ouverts à tous et parfois complétés par le mobilier urbain modulaire multifonctionnel réalisé pour JC Decaux en symbiose absolue avec son contexte humain ou et topographique, jusqu’aux nombreux projets de décoration d’intérieurs, des hôtels et restaurants aspirant à être des lieux stimulants, fantasmagoriques et intensément vivants.
Dès les années 1980, Philippe Starck n’a de cesse de révolutionner les codes de l’hôtellerie et initie une révolution flamboyante du concept d’hospitalité. Dès 1984, avec Ian Shrager, il redessine un nouvel imaginaire hotelier avec le Royalton à New York. L’expérience se poursuit avec le Delano à Miami en 1995 et se décline à Los Angeles, avec le Mondrian puis Londres avec le Saint Martin’s Lane en 1999 et le Sanderson en 2000, à New York avec l’hôtel Hudson (1999) et à San Francisco avec la conception du Clift (2001). Si la plupart de ces hôtels ont depuis emprunté d’autres chemins, Philippe Starck n’en a pas moins marqué avec ses créations originales l’approche de l’hôtellerie : chaque projet devient un lieu créateur d’émotions et d’expériences. Les hôtels ne sont plus des endroits de transit impersonnels mais des espaces de vie où sont distillés des signes amicaux plein d’humour et de surprises fertiles. Ils se transforment grâce à Philippe Starck en théâtres où chacun est acteur de son destin. Pionnier et visionnaire, il est ainsi à l’impulsion des premiers Boutique Hotels, dont il définit le concept sans pour autant avoir jamais réellement saisi l’appellation.
En 2005, l’hôtel Faena El Portenode Buenos Aires, ouvert l’année précédente, reçoit d’ailleurs le prix du « meilleur hôtel de l’année » décerné par le magazine Wallpaper*, et Condé Nast Traveller le distingue pour son ambiance et son design.
Révolutionnaire, Starck l’est aussi par son refus d’une approche exclusive. Le créateur s’est engagé dès 1990 dans une autre révolution, celle de la démocratisation des hôtels dits de design et de qualité. D’abord avec le Paramount à New York qui propose des chambres à $100 et qui devient un classique du genre. C’est cette même approche tournée vers l’humain qui conduit Philippe Starck à développer des projets qui participent de manière essentielle au processus de démocratisation de l’hôtellerie. « La seule révolution désirable est une révolution sociale et économique : offrir la meilleure qualité aux personnes pour qui l’argent n’est pas l’essentiel. Ce sont sans doute le territoire de création et le futur les plus intéressants à développer », résume le créateur.
En 2008, Starck applique à Paris cette idée généreuse et humaniste en concevant, avec l’entrepreneur philosophe et urbaniste Cyril Aouizerate et la famille Trigano, le premier Mama Shelter. Un concept inédit d’hospitalité qui porte des valeurs sociales nouvelles fondées sur la rigueur, l’honnêteté, l’humour, l’intelligence et le partage, pour une tribu culturelle ouverte sur le monde. « À son origine, explique Philippe Starck, nous voulions faire aboutir un rêve démocratique : donner le meilleur au maximum de gens en puisant dans les idées les plus neuves et l’énergie de la jeunesse. » Né d’un désir philosophique et politique, ce lieu s’inscrit dans un paysage urbain délaissé – volontairement situé dans l’Est parisien populaire et ancien quartier ouvrier - mais vibrant d’envies et accompagne l’avenir dans ce qu’il a de plus inventif, de plus déterminé. Cette vision pertinente et audacieuse permet au Mama Shelter de figurer régulièrement parmi les sélections internationales les plus prestigieuses dont 50 Best Hotels in Europa par le Sydney Morning Herald, Die 100 Besten Hotels in Europa par Géosaison Award, 8 meilleurs hôtels en France par Frommer. Les rêves de Starck sont voués à semer partout leurs graines fertiles : après Paris, le Mama Shelter prenait racine à Marseille en 2012 avant Lyon et Bordeaux en 2013. Depuis, Mama Shelter continue son développement avec le groupe Accor sans l’implication de Philippe Starck.
Au-délà du concept d’hospitalité démocratisée et modernisée, Starck et Cyril Aouizerate poursuivent cette intuition forte avec un projet radical, politique et engagé : MOB Hotel - of the People. MOB Hotel - of the People est un mouvement coopératif et vertueux issu d’une réflexion profonde sur le sens de l’hospitalité au XXIème siècle, sur le bien-être individuel et collectif : une utopie concrète en porosité totale avec son environnement, ancré dans des lieux en mutation et porteurs d’espoirs. L’hôtel MOB House Saint Ouen imaginé par Philippe Starck est construit au sein d’un projet immobilier au programme riche et divers. L’hôtel a ouvert ses portes en 2022, au côté de logements universitaires et d’espaces de travail flexibles. Une alternative innovante, un nouveau lieu d’intelligence en harmonie avec l’evolution des besoins et des modes de vie.
Les années 2000 voient naitre une autre révolution qui ouvre l’hotel et invite chacun à partager l’expérience du lieu : initié avec le Delano (1995) à Miami puis confirmé par le SLS Beverly Hills (2007) à Los Angeles, Starck crée les premiers véritables hôtels resort en Amérique du Nord. Le SLS Beverly Hills, doté d'un concept unique à double entrée où l'une est exclusivement dédiée aux clients de l'hôtel, mais l'autre, accessible à tous, se prolonge dans un espace public singulier appelé le Bazaar. « Les gens savent qu’en s’y arrêtant, il y aura toujours quelque chose à découvrir, quelqu’un à rencontrer, c’est comme un bouillonnement permanent d’énergie », résume Starck. Cette collaboration avec la chaîne d’hôtel de l’entrepreneur visionnaire Sam Nazarian se prolonge avec l’ouverture du SLS South Beach à Miami en 2012. « Le SLS South Beach Miami n'a pas de style particulier, nous avons beaucoup travaillé pour cela. Il s'agit d'un cocktail sophistiqué de poésie, de surréalisme, de surprises fertiles, de tendresse, de sculptures inattendues du restaurant japonais, de l'élégance du bar milanais, la cuisine du chef José Andrés mêlant étonnamment les influences espagnoles et de l’Amérique Latine, avec des souvenirs de la salle à manger de ma grand-mère. Partout où vous regardez, une surprise vous attend. Vous pouvez imaginer votre propre rêve, votre propre vie. Partout où vous allez, vous pouvez ressentir l'humanité de Sam Nazarian et ma folie », explique Starck. En 2016, Nazarian et Starck ont de nouveau réuni leurs forces à Miami pour donner naissance au SLS Brickell Hotel and Residences. Avec sa vision unique, le créateur a imaginé un lounge dans une oasis urbaine, des restaurants, 124 chambres et suites, ainsi que 450 appartements. Le résultat ne tient pas de la décoration d’intérieur, mais de l’art, « parce que l’art est plus intemporel et universel. » Plus de soixante distinctions décernées notamment par les magazines Travel + Leisure et Wallpaper* ont récompensé les hôtels SLS imaginés par Starck. En Octobre 2019, l’annuel et prestigieux « Readers’ Choice Award » du Condé Nast Traveller attribuait les titres de ‘Meilleur hôtel du monde’, ‘Meilleur hôtel des Etats Unis’ et ‘Meilleur hôtel de Los Angeles’ au SLS Beverly Hills.
Conscient que l’offre hôtelière doit refléter plus fidèlement et même anticiper les mouvements et les flux du monde et des idées, Philippe Starck réinterprète avec vigueur et fantaisie en 2008 les codes des palaces parisiens en ajoutant un brin de folie poétique et surréaliste au plus ancien des palaces de la capitale française, Le Meurice. Il ajoutera de nouvelles notes à sa partition en 2016 quand il applique sa direction artistique aux deux restaurants et au bar du Palace. En 2018, le Prix Villégiature récompense Le Meurice et la vision de Starck en attribuant au Palace le prix du« Meilleur Univers Artistique en Europe ».
C’est encore en metteur en scène que Starck intervient en 2010 au Royal Monceau, écrivant un scénario fantasque et jusqu’alors inédit où chaque chambre est marquée par l’empreinte culturelle d’un occupant imaginaire. Philippe Starck rompt avec les usages et propulse l’héritage d’un palace incarnant l’élégance parisienne dans une autre dimension, intemporelle et fantaisiste. « Le Royal Monceau a été pour moi un moyen d’explorer la nature de l’esprit français et de le réinventer. De retrouver cet esprit frondeur, subversif et en même temps très élégant, distancié et noble. » Le Royal Monceau se révèle alors en refuge de l’honnête homme intéressé par le développement de l’esprit comme du corps. Le Spa My Blend By Clarins, imaginé par Starck, étant l’incarnation parfaite de cette démarche saluée par le prix « Label Leading Spa » attribué en 2014 par Leading Hotels of the World et le prix « Best City Spa d’Europe », décerné par Senses Magazine. Le palace parisien Le Royal Monceau est depuis son ouverture, régulièrement célébré. En 2019 il a recu le titre de « Leading Luxury City Hotel » pour la France décerné par World Travel Awards.
Toujours en France, Philippe Starck propose en 2010 avec la Co(o)rniche« une cabane sur l’eau », un « lieu au plus fort, au plus beau, au plus poétique, au plus surréel, au plus puissant de la nature. » Suspendu entre ciel et mer, entre sable et pinède, cet hôtel restaurant préservant l’authenticité de la maison basque et surplombant le bassin d’Arcachon se pose en hommage à l’âme des gens qui y vivent : pétillante et généreuse.
En 2015, Starck est de retour dans le Bassin d’Arcachon, un paysage qui lui est cher, avec le Café Ha(a)ïtza qui a ouvert ses portes au Pyla-sur-Mer, suivi en 2016 d’un nouvel hôtel, du même nom, également installé au Pyla, dont il a mené la rénovation architecturale et repensé les espaces intérieurs. Iconique dès son ouverture en 1930, l’œil et le crayon de Philippe Starck lui ont donné une deuxième vie, offert un nouveau souffle au panache de ce bâtiment aux allures basques traditionnelles. « Ha(a)ïtza n’est ni mignon ni charmant, mais plutôt chic et cosmopolite » en dit-il, avant d’ajouter : « Tout y est artistique. C’est l’évocation de l’idée de quelque chose, d’un endroit imaginaire qui a toujours existé, libéré de toute matérialité. » Un an seulement après son ouverture, l’hôtel s’est vu décerner cinq étoiles, et son restaurant, Le Skiff Club, sa première étoile Michelin. En 2020, le Skiff Club et son chef Stéphane Carrade ajoute une seconde étoile Michelin à leur palmarès.
En 2017, Starck dévoile les intérieurs uniques du S Hotelà Taipei, Taiwan, invitant les hôtes à une expérience sensorielle couvrant les champs de l’art, de la culture, de l’intelligence et de la créativité.
Niché au cœur du Marais, le quartier parisien historique, le 9Confidentiel, ouvert en 2018, est un hôtel 5 étoiles réinventé. Selon les mots de Starck, cet hôtel est « un ravissant petit coffre à bijoux imaginaire, où les éclats des diamants sont les reflets d’une nostalgie romantique et démodée. » Derrière sa façade Art Déco avec ses bow-windows, se dissimule un intérieur dont l’atmosphère oscille entre néo-classicisme et modernité extrême. Influencé par la poésie délicate et sophistiquée des années 20, le 9Confidentiel, ses 29 chambres, ses 3 suites et son exceptionnel bar, offrent un espace intemporel d’un intimisme magnifique.
Inauguré en 2018, Brach investit un ancien centre de tri postal datant des années 1970 situé dans le XVIème arrondissement de Paris. Selon Philippe Starck qui a imaginé le projet, « Brach n’est pas un hôtel. C’est un lieu unique de vie et culture, où des mystères poétiques et des surprises fécondes nourrissent l’imagination ». Starck a conçu et supervisé l’architecture extérieure de l’hôtel, ainsi que l’aménagement et la décoration de l’ensemble des espaces intérieurs. Brach est une expérience immersive et inspirante accessible aux clients et aux visiteurs de passage, un épicentre de ce que Starck appelle « un romantisme brut et moderniste. ». Eclectique et accueillant, le lobby est peuplé de tribus de totems, de sculptures et de suprises poétiques. Chaque chambre et chaque suite sont uniques, mêlant différents matériaux naturels, non traités, et du mobilier des années 1930. Aux yeux du créateur, Brach est« un endroit inhabituel, une invitation à l’exploration et au voyage. » Entre autres nombreuses distinctions internationales, le Brach Paris a reçu le Prix Villégiature 2019 du ‘Meilleur Hotel Créatif en Europe’.
L'année suivante poursuivant ce désir de créer des lieux comme des experiences immersives et sensorielle, Philippe Starck imagine et conçoit avec Alain Weill et sa fille Lucie, Lily of the Valley. Niché au cœur de la nature luxuriante de la Provence, surplombant le Golfe de Saint-Tropez, ce lieu composite à l’architecture vernaculaire et organique, faite de petites maisons organisées en village, propose hotel, restaurants et un centre de soin et de bien être complet de 2 000 m2 unique dans la région. Inspiré par une antiquité fantasmée et modernisée par des matériaux très contemporains, Starck a créé un lieu libre et ouvert où la lumière, les couleurs et la végétation font naturellement le lien entre l’intérieur et l’extérieur. Un endroit secret, paisible et chaleureux où l’humain et la nature se retrouvent, où il fait bien-vivre toute l’année. Un paradis méditerranéen que Vogue inscrit en 2019 et 2020 sur la liste des meilleurs hôtels de bord de mer en Europe.
Après La Réserve à la Plage, plage privée éphèmere à l’élégance intemporelle installée chaque été depuis 2019 sur la plage de Saint Tropez, Michel Reybier et Philippe Starck s’associent à nouveau pour créer La Réserve Eden au Lac Zurich en Suisse. Starck concoit dans ce batiment centenaire au bord du lac, une réhabilitation minimale sans être minimaliste, à la recherche de l’âme structurelle, de la poésie brute du lieu. Comme il l’exprime lui-meme, « La Réserve Eden au Lac Zurich est le résultat de l’organisation de tous ces éléments, de tous ces matériaux qui en fait une œuvre complexe, rigoureuse et créative. Un lieu intemporel, respectueux et insolent, sérieux et fou, le yacht club au bord du lac, imaginaire et moderne ».
Comme tous les lieux et les espaces qu’il imagine, un restaurant pour Philippe Starck ne peut exister sans une histoire – un héritage riche de sens – intemporel et universel. Car raconter une histoire pour Philippe Starck est consubstantiel au processus créatif : le sens nourrit la forme.
environnement et allumer sa flamme romanesque. Les lieux iconiques se succèdent dans les plus grandes villes aux quatre coins du globe avec le restaurant Teatron à Mexico en 1985, puis le Teatriz à Madrid en 1988, le restaurant Félix de Hong Kong (1994) puis à Paris le Palais de Cristal de la Maison Baccarat (2004) et son restaurant la Cristal Room Baccarat, les restaurants Bon I (2000) et Bon II (2002) dédiés au bio et au sain. À Los Angeles aux Etats-Unis, l’arrivée notable en 2006 de la chaine de restaurants créée en collaboration avec SBE et Sam Nazarian Katsuya by Starck, suivi par l’ouverture en 2007 du mythique SBar.En 2005, Philippe Starck révèle le Mori Venice Bar, un lieu qui lui permet de partager avec les Parisiens sa passion pour une Venise fantasque à la gastronomie élégante et raffinée. Il renouvellera l’espace en 2010, puis en 2020.
A Pékin, il invente une théâtralité de la démesure pour les 6 000 m2 du restaurant Lan, inauguré en 2007, où l’abondance des objets et des matières ainsi que l’hétéroclisme des styles transportent les visiteurs dans un voyage surréaliste. Starck n’a de cesse de penser les lieux pour leur donner du sens.
A Paris, il imagine ainsi le concept d’architecture intérieure du Paradis du Fruit (2009) autour d’une idée simple : « Au Paradis, avec les fruits, les humains ne sont même plus des humains. Ce sont des anges, des génies, des artistes. »
Tous ces lieux ont pris vie sous l’impulsion de Starck, récoltant de nombreux prix d’excellence au fil des années, dont le « Hospitality Design Award » et le « Grand Prize » des « Gold Key Awards for Excellence in Hospitality Design » en 2008 pour le SBar, le « Travel + Leisure Design Award » pour Katsuya également en 2008.
Les créations de Philippe Starck se font l’écho d’un profond respect de la relation de l’humain à son environnement. En témoigne sa célébration d’une vie harmonieuse à travers A’Trego (2011) sur les bords de la Méditerranée, à la frontière monégasque. Simple « cabane de pêcheur », ce lieu est une invitation au voyage et à un nouvel art de vivre.
Plus qu’un quelconque geste architectural, Philippe Starck dessine des lieux de vie propices à la création, au partage entre amis et en famille, à l’image de Ma Cocotte (2012-2019), en périphérie de Paris, au cœur des célèbres puces de Saint-Ouen que Philippe Starck affectionne tant. « Ma Cocotte, c’est comme un bol géant de 1 000m2, s’enthousiasme le créateur. L’architecture et la déco n’ont aucune importance, mais c’est l’espace dont on rêve quand on fait les puces. » Sans surprise, ce nouveau bâtiment imaginé par Starck s’est intégré parfaitement et rapidement à son environnement. Les gestes discrets qui l’ont fait naître, à l’image de ces bronzes coulés dans le béton, et l’agencement surprenant d’objets hétéroclites réussissent à capturer l’esprit des puces, humble et terriblement inventif et merveilleusement intemporel. Ma Cocotte aux Puces est un lieu de plusieurs vies : proclamé en 2013 « l’un des restaurants les plus beaux et les mieux conçus du monde » par le magazine AD USA, il a changé en 2019 de propriétaires qui ont revus l’intégralité du concept et de la cuisine.
En février 2013, Philippe Starck dévoilait le nouveau restaurant d’Alain Ducasse, IDAM, au Musée d’Art Islamique de Doha. Le décor à la fois spectaculaire et élégant créé par Starck maintient un équilibre précieux entre modernité et classicisme. L’espace jette ainsi des ponts entre culture et vie en invitant à la célébration du rite que constitue le repas familial ou entre amis. « Le batiment de Pei est une œuvre magnifique, abstraite, géometrique, théorique, à l’architecture tellement existante, tellement impérative que l’humain n’y est pas forcément toujours le mieux acceuilli. J’aime beaucoup l’humain alors, au restaurant IDAM et au MIA Café (2012), je lui ai donné à manger, à boire et à parler. J’ai conçu ces lieux pour des raisons philosophiques, une philosophie complémentaire à la théorie de Pei. »
En inaugurant également en 2013 un nouveau restaurant à Paris, le Miss K?, Philippe Starck fait une nouvelle fois la démonstration de ce désir intense de susciter le partage, de rendre la vie intensément plus riche. « Miss K?, explique Philippe Starck, c’est une des aventures les plus risquées dans le monde de l’hospitalité car c’est totalement fantasmagorique, une sorte d’évocation folle d’une rue quelque part en Asie. Une rue dans Blade Runner : un mur de parking en béton avec des chaises en formica, des écrans de TV qui donnent des centaines de news d’Asie en direct, une cuisine qui fume et qui brûle. » Miss K? est un lieu de liberté que Philippe Starck a pensé comme un espace de vie en perpétuelle réinvention créant des liens entre la cuisine et toutes les formes de créativité. « C’est une des mes visions de ce que va devenir le monde, confie Philippe Starck, un melting pot, un mélange de toutes les civilisations, de toutes les ethnies, de toutes les façons de manger.»
En septembre 2014, le Caffè Stern a ouvert ses portes dans l’historique Passage des Panoramas à Paris. Véritable bacaro, parenthèse italienne dans le bouillonnement parisien, authentique et chaleureux café à la vénitienne, dirigé par les frères Alajmo maîtres de la cusine de la Sérenissime, il invite, selon les mots de Philippe Starck, à « un voyage à travers le temps, l’histoire, la culture et incite à la créativité et l’excellence. » Cette bulle fantasmatique « fait la part belle à la magie, à la poésie, au surréalisme et, naturellement, à la nourriture ».
Deux ans après l’ouverture du Caffè Stern à Paris, Les frères Alajmo et Philippe Starck inaugurent à Venise Amo. Ce grancaffè propose une expérience de restaurant unique au sein du seul grand magasin de luxe de la Sérenissime, le T Fondaco dei Tedeschi, développé par LVMH. Le décor éclectique explore l’essence de la ville qui l’accueille, et ses intérieurs, « donnent le sentiment d’être au cœur d’un théâtre vénitien » selon les mots de Starck.
En 2018, le trio restaure le mythique Quadri, un café et restaurant datant du 18ème siècle situé sur la Place Saint Marc à Venise. « Le Quadri était extraordinaire, en gage de respect, d’amour et d’intelligence, nous n’avons voulu rien changer à une telle concentration de mystère, de beauté et de poésie. » Au rez-de-chaussée se trouve le Gran Caffè Quadri, tandis qu’à l’étage se tient le restaurant gastronomique Quadri. Dans les deux cas, Starck réinvente le style vénitien classique, en en faisant un pays merveilleux, travaillant main dans la main avec les artisans locaux pour apporter un regard contemporain au savoir-faire traditionel.
Petit dernier de la famille déjà nombreuse issue de la collaboration entre Starck et les frères Alajmo, Amo(r) à Milan ouvre ses portes en 2019. Un lieu de restaurantion unique, prônant le « fast-casual » et imaginé pour la frénétique tribu metropolitaine et les épicuriens de toutes sortes. Starck a voulu créer « un décor moderne, vénitien, élégant et même subversif. » qui reflète et rend hommage à « l’esprit et le génie créatif venitien ».
Entre 2017 et 2019, Philippe Starck a supervisé l'intégralité de la reconstruction et de la réhabilitation du Basil’s Bar, escale mythique des Iles Moustique. Il s'est efforcé de préserver l'ADN naturel du lieu tout en réveillant la légende pour créer un nouvel espace sophistiqué et enraciné. A nouveau, le talent de Starck offre une création en harmonie avec l’humain et la nature environnante pour un lieu honnête, vivant et joyeux.
L’Avenue at Saks est un sommet d’élégance et de style français, installé sur deux étages dans le grand magasin Saks Fifth Avenue, un des lieux les plus incontournables de New-York. Dévoilée en février 2019, cette collaboration entre Starck et Jean-Louis Costes – 35 ans après l’ouverture de leur révolutionnaire Café Costes à Paris – occupe deux espaces : au neuvième étage, The Salon, une salle à manger à l’intemporelle inspiration art-déco, et à l’étage inférieur, Le Châlet, un bar-lounge inspiré par les ambiances réconfortantes des soirées après une journée de ski. Ils se complètent pour composer un monde à la sophistication féminine, une escapade dans les Alpes françaises, en plein Manhattan, et faire de L’Avenue at Saks un point de rendez-vous pour les tribus de la mode et du design.
Un fil rouge se dégage aisément de ces plus de 200 projets architecturaux réalisés que ce soit des hotels, restaurants, des musées ou port de plaisance, boutiques, residences privées, studio d’enregistrement, centres culturel ou sportif, et se devine déjà dans ceux en gestation. Aux quatre coins du monde, la vision de Philippe Starck, viscéralement humaine et poétique, donne vie à des espaces, en racontant des histoires qui invitent sa tribu à s’élever au-dessus du quotidien ordinaire afin d’explorer des mondes imaginaires et créatifs.
« Qu’il s’agisse d’une brosse à dent, d’un avion ou d’une chaise, il s’agit toujours de la même philosophie : penser au profit qu’en tire l’utilisateur. » Philippe Starck
Que manque-t-il à l’humanité ? Certainement pas d’autres objets. Parce qu’il a une conscience aigüe de ce constat, et surtout parce qu’il place la personne au cœur de son travail, ne pensant qu’au profit de l’utilisateur, avant même le premier coup de crayon, Philippe Starck s’amuse à dire qu’il n’est pas né pour faire des tables ou des lampes, mais que c’est le seul outil – voire arme – dont il dispose pour s’exprimer et proposer des alternatives inédites aux habitudes quotidiennes. « Tous les métiers et toutes les compétences doivent aujourd’hui se poser la question de leur nécessité, explique le créateur. Le design espère sûrement améliorer la vie, mais il ne peut en aucun cas sauver des vies. La seule chose que le design peut faire pour mériter d’exister, c’est au moins de s’orienter vers des directions plus humanistes. » Le design n’est légitime pour Philippe Starck qu’à travers son statut militant et politique, c’est à-dire à travers sa capacité à être utile, à améliorer, même modestement, la vie des gens. Son design s’attache au service rendu plus qu’à l’objet, cherchant à rendre le meilleur service possible avec un minimum de matière.
Depuis ses premières années de création, le design de Philippe Starck n’a jamais été destiné à une élite mais à toute la société. Il aspire avec volontarisme à un design démocratique, dont le créateur donne une définition éclairante : « améliorer la qualité tout en s’efforçant de la rendre accessible au plus grand nombre, avec des prix justes. ».
Dans son esprit, l’élégance moderne et sincère tient à la multiplication de l’objet, en opposition avec l’idéologie de la série limitée où la préméditation de la rareté entraîne une sélection par l’argent.
Cette démarche qui vise à donner le meilleur au maximum de gens, Philippe Starck l’a déployée dans tous les domaines de la vie : des arts de la table aux problématiques liées au corps et à l’hygiène, de la haute-technologie et à l’environnement.
Au début des années 1990, Philippe Starck collabore avec l’industriel français JCDecaux pour créer du mobilier urbain au service de tous. Répondant à la problématique des nouvelles mobilités et modes de vie urbains, les bancs, abris-bus, réverbères, poubelles et panneaux historiques sont le fruit de « l’intuition raisonnée » de Starck : des objets démocratiques qui existent et rendent un service mais qui ne s’imposent pas dans l’espace public et que l’on peut choisir de voir ou de ne pas remarquer.
En 1992, Philippe Starck a représenté son pays natal (la France) au Jeux Olympiques d’hiver qui se tenaient à Albertville en France, en dessinant la Flamme Olympique (2012). En juillet 2015, il s’est vu confier le design des Médailles Olympiques qui seront remises à l’issue des Jeux Olympiques d’été, qui se tiendront à Paris, en 2024. Ces nouvelles médailles pourront être séparées en quatre parties distinctes, qui pourront ainsi être partagées par les champions avec tous ceux qui les auront soutenus lors de la longue et difficile préparation qui les emmenés jusqu’aux Jeux. « Les athlètes auront la possibilité d’offrir un fragment de leur rêve devenu réalité. »
En 1999, Philippe Starck collabore avec la Monnaie de Paris pour créer l’Ultime Franc, une pièce frappée en or et en argent. Au revers, le décentrage du chiffre 1, unique élément de la composition, symbolise la disparition du franc. Un dessin inédit et ambitieux pour lequel les techniciens de l'institution ont effectué de minutieux calculs afin de concevoir les outillages de cette monnaie aux formes ondulées, à la tranche inscrite et aux reliefs en méplat.
En 2003, Starck réinvente le logo de Venise, une de ses villes d’adoption. Un lion ailé symbole de la Serenissime enchassé dans un V capital et victorieux. Une ôde à la grandeur, la puissance et la poésie de la mythique ville italienne.
En 2011, Philippe Starck revisite la carte de transport public de la région Ile-de-France, la Carte Navigo, pour en faire un emblème de démocratisation de la qualité. En offrant à cet objet quotidien et grand public, les apparats d’un objet rare à l’aspect épuré et aux lignes élégantes, le créateur fait la preuve une nouvelle fois que l’exigence de l’élégance n’est l’apanage d’aucune élite.
Parmi les nombreux objets de notre quotidien revisités par son esprit facétieux, certains figurent désormais parmi les plus emblématiques du design : des éléments de salle de bains (Axor, Duravit, Hansgrohe, Hoesch) à la brosse à dents Fluocaril (1989). Créant des objets bons avant d’être beaux, Philippe Starck est présent dans notre quotidien grâce à leur humanité, leur intelligence. Ses créations donnent à notre vie, même dans ses moments les plus anodins, une élégance qui révèle leur poésie secrète. Ainsi la brosse à dents se métamorphose en un repère amical au sein de la salle de bains, un clin d’œil encourageant, voire une oeuvre sculpturale, en plus d’être rigoureusement fonctionnelle.
Dans une approche à la fois biomorphique et écologique, Starck dessine une série de mitigeurs aux formes élémentaires et sculpturales en puisant dans un langage minimal qui magnifie la fluidité de l'eau. Les lignes du robinet Axor Starck Organic (2010) « sont inspirées de notre corps, de la végétation » et, plus largement, d’un concept récurent qui consiste à « toujours chercher le plus dans le moins » qui traverse sa pratique.
En 2012, avec Axor Starck V, Starck poursuit cette recherche en dématérialisant le robinet afin de rendre visible le phénomène naturel de vortex de l'eau en mouvement. La forme organique et puriste du bec verseur réalisé en verre de cristal est une prouesse technique. Esthétique et innovant, Starck V s'efface pour renforcer l'observation et l'expérience sensible de l'eau. Ce robinet est le « minimum absolu, totalement transparent. C’est un miracle de la nature qui nait devant de nos yeux. » Axor Starck V a reçu de nombreux prix internationaux en 2015, dont une médaille d’or au Salon Batimat, le ‘Design Award’ du prix Edida Elle Decor et le ‘Wallpaper* Design Award’ du magazine éponyme.
Starck et Duravit collaborent depuis plus de 25 ans. Une relation d’amitié basée sur l’amitié et le respect du travail bien fait. Car comme l’exprime Philippe Starck, « il y a quelque chose d’extrêmement clair : l’honnêteté est le meilleur investissement. Aucune entreprise ne peut vivre 200 ans, même 100, 50 ou 20 ans, si elle n’est pas basée sur la réalité du travail. Chez Duravit, l’honneteté est structurelle et le savoir-faire est absolu ». Une collaboration pérenne et innovante qui remporte au fil des années plus de 28 prix internationaux tant pour le design que les technologies et matériaux uniques développés.
« Plus on s’approche du corps, plus le design doit être honnête. La peau et le corps ne mentent pas. » S’il fallait remonter aux origines de l’intérêt de Starck pour le corps humain, ses fragilités et son potentiel, on les retrouverait dans cette formule, incarnant sa définition du bionisme.
Précurseur, Philippe Starck propose en 1996-97, Good Goods, un catalogue de « non-produits pour les non-consommateurs du futur marché moral » ; en vente par correspondance par La Redoute. Le catalogue propose, déjà, des produits responsables et biologiques tels que des détergents Ecovert, des peintures sans solvants et une collection de t-shirts en coton bio et aux messages engagés.
Visionnaire de nos habitudes contemporaines, le créateur anticipe également avec la montre Starck Watch, développée avec Fossil (1999) l’intégration possible des objets au corps humain – annonçant avec force que la montre ne sera que digitale, et fera office de plateforme de services.
Dès 1994 avec Starck Eyes - devenu en 2019 Starck Biotech Paris – en collaboration avec Mikli puis Luxottica, Starck révolutionne l’univers de la lunette en concevant des montures « bioniques » dont la technologie biomécanique brevetée, unique, est directement inspirée du corps humain. Tous les modèles de la collection sont équipés de l’innovante et brevetée technologie de charnière Biolink® assurant comfort et souplesse maximale. Ce tournant biomécanique est inspiré par articulation acromio-claviculaire du corps humain, et empreinte à l’épaule sa liberté de mouvement à 360° degrées. En 2019, la campagne publicitaire, mettant en lumière cette flexibilité, pour ce qui s’appelle désormais la collection Starck Biotech Paris, réaffirmait son implication dans le bionisme, et confirmait sa philosophie « Plus on s’approche du corps, moins l’on peut mentir. » En 2020, la marque présente une nouvelle technologie brevetée de charnière, Sphère®. Inspirée de la perfection naturelle de cette forme géométrique, la technologie Sphère® est moins complexe que Biolink® et, ainsi, accessible au plus grand nombre. Elle permet de créer des montures ultra légères en titane, pesant moins de 12 grammes, en utilisant toujours moins de matière.
Sa sensibilité aux multiples dimensions de l’existence rendait inévitable que Starck se saisisse de l’habillement en créant des textiles intelligents et ultra ergonomiques, au plus près du corps pour n’ajouter que l’essentiel à la nudité.
En 1999, Philippe Starck collabore avec la marque autrichienne Wolford et dévéloppe dans un matériau intelligent et de haute technologie, un vêtement féminin ultra versatile qui s’adapte avec aisance aux envies et au style de vie de chacune. Entre le collant et la robe fourreau, sans couture, Starck Naked for Wolford allie élégance naturelle et confort extrême pour une allure féminine affirmée.
Pour Puma, il dessine des « chaussures intelligentes » (2002), ainsi que des sous-vêtements techniques et élégamment sexy, Starck Naked for Puma (2004).
Au printemps 2009, la maison Ballantyne lui propose de dessiner une ligne de vêtements pour hommes et femmes réalisés en cachemire. Faisant abstraction des modes, son approche à la fois moderne et intemporelle exprime une nouvelle forme de sensualité à travers de véritables « cachemires technologiques ».
« La vie est quelque chose d'extraordinaire qui se déploie. Il faut la protéger. Nous devons nous engager à aimer la vie et à nous aimer nous-mêmes au moins 15 minutes par jour.
À la maison. Au travail. Il suffit de quelques exercices et d'une position correcte, élégante évidemment. » C’est en ces termes que Philippe Starck présente en 2009 sa collection Home Gym Office conçue pour Alias afin de favoriser une approche spontanée et immédiate de la dimension du fitness pour faire entrer cette dimension dans notre vie quotidienn. Le résultat ? Protections pour poignets et chevilles, collier de poids et haltères sont à la fois des accessoires d’exercice mais également d'élégants bijoux.
En septembre 2012, Starck et Delsey présentent seize modèles élégants et fonctionnels dont l’ergonomie s’adapte à chaque usage et à chaque utilisateur, réinventant avec la collection Starcktrip, l’univers du bagage. Des bagages légers, fiables et garantis à vie, qui sont le fruit de recherches et d’innovations pointues ayant exploré tant les matériaux que la fonctionnalité.
Enfant, Philippe Starck aimait se réfugier dans la parfumerie de sa mère, où il voyageait dans grâce à la puissante abstraction des parfums, lien le plus direct vers notre subconscient. En 2010, Philippe Starck s’attèle à ce nouvel aspect du bien-être : le parfum. Il entame alors une collaboration avec Nina Ricci à la création du nouveau flacon de l’Air du Temps. « Seul compte ce qu’il va raconter, l’effet qu’il aura sur les gens qui vont l’utiliser », résume-t-il. Moins homme d’objet que de concept, le créateur appréhende l’écrin de ce parfum intemporel avec une vision aigüe du phénomène de dématérialisation en cours dans nos sociétés. Au point d’imaginer, avec la complicité du collectif new-yorkais Soundwalk, une partition musicale instaurant de fécondes passerelles entre vibrations musicales et olfactives.
En 2014, il crée la marque Starck Paris et la collection Peau incarnée par six fragrances élaborées en collaboration avec des maîtres parfumeurs internationaux. Un processus de création unique et diagonal, un nouveau langage qui permet la traduction de mots en fragrances, de rêves en parfums. Entre la poésie et la science, Starck Paris explore « des territoires inconnus à la richesse infinie ». Créé en collaboration avec Dominique Ropion, Peau de Soie est un paradoxe, celui d’un parfum dont la féminité se dévoile autour un cœur d’homme, un parfum qui s’attache à révéler cet entre-deux entre la surface et le noyau, dans lequel s’exprime l’évocation de la réalité mystérieuse de la femme. Peau de Pierre, imaginé avec Daphné Bugey, est un parfum masculin qui dévoile au cœur la part féminine de l’homme. Il est cette membrane, symbole de cette permanente ambiguïté et à travers laquelle passent nos différences et notre personnalité. Peau d’Ailleurs, créé avec Annick Ménardo, est étrange, indéfinissable, insaisissable, non sexué. Il est une évasion vers le territoire infini de la dématérialisation, où l’odeur du vide cosmique rencontre celui d’une Terra Incognita. Starck Paris a reçu plusieurs récompenses dont en 2017 : Best Beauty Product, décerné par Condé Nast Traveler Spain, le “Premio de la Redacción” par GQ Spain ; Olfactorama, Prix de la Virtuosité, attribué et le Pentawards Diamond Award (Best of Show) pour le packaging de Starck Paris.
La collection s’agrandit rapidement avec les fragrances Peau de Lumière Magique, Peau de Nuit Infinie et enfin Peau d’Amour (2018) dans une déclaration d’amour ultime à la puissance de l’abstraction car comme le décrit Philippe Starck, « le parfum est si puissant et abstrait, qu’avec une nano-goutte de parfum ou moins d'un milligramme de liquide, vous pouvez créer votre propre univers, votre propre territoire. »
Après trois ans de développement, à l’automne 2015, Starck dévoile sa première collection avec la marque brésilienne Ipanema. Les sandales Ipanema with Starck, au design minimal et organique, sont produites dans des usines éthiques et éco-réponsables au Brésil, à partir de 30% de matière recyclée. Grâce à ce système de création et de production vertueux, Starck étend son concept de design démocratique, éco-nomique et éco-logique. « Quand l’élégance est accessible pour quelques dollars ou euros, ce n’est plus de la magie, c’est un miracle moderne », résume-t-il. La collection la plus récente, lancée en mars 2019, prolonge l’exploration du « territoire de la haute élégance associée au minimalisme le plus affirmé. »
En 2017, Philippe Starck s’associe à la start-up corse Icare Technologies pour créer Aeklys by Starck, la bague intelligente qui vous connecte à votre environnement comme par magie. Plus qu’un nouvel objet connecté, Aeklys by Starck fonctionne en symbiose avec le corps, pour une humanité augmentée. Grâce à une technologie unique brevetée et à un design minimal ultra ergonomique, la bague se substitue à l’ensemble de vos cartes de paiement, titres de transport, clefs de voiture et de domicile, et permet la gestion de votre domotique ainsi que votre identification auprès des dispositifs sans contact actuels. Un miracle technologique et bionique pour des fonctionnalités infinies qui offrent au quotidien plus de liberté et de sécurité.
Parce que le quotidien est également celui de la famille, et des enfants, Philippe Starck s’attache à leur proposer des produits fonctionnels et innovants, inaugurant une nouvelle ère pour les parents. En 2000, la collection Starck Reality pour la chaîne américaine Target, il réalisera une soixantaine d’objets ultra créatifs, du gobelet au biberon : des produits abordables pour illuminer modestement le quotidien des foyers américains, jusqu’au cœur de Minneapolis.
En 2019, pour les 20 ans de la marque, Target choisit de rééediter les créations les plus iconiques issues de collaborations avec des designers. Les accessoires de table pour bébé de la collection Starck Reality font partie de la sélection finale.
Puis, en 2004, Philippe Starck crée une nouvelle révolution sur ce marché, en proposant une gamme d’articles inédits pour Maclaren, non seulement beaux et élégants mais aussi de grande qualité, pratiques et maniables.
Porté par le même amour des produits et de leur bienfait sur le corps, Philippe Starck s’intéresse également à l’univers de la cuisine, du légendaire presse citron biomorphique Juicy Salif (Alessi, 1988), né d’un exercice mathématique de topologie inversée, avec la volonté d’améliorer la fonctionnalité de cet ustenstile indispensable mais surtout l désir de susciter échanges et conversations, à son approche renouvelée des arts de la table avec Miam Miam (Driade, 2000). En 2003, Philippe Starck revisite avec impertinence la tradition Baccarat en osant renouer avec la tradition du cristal noir. Il donne aux produits de la collection Darkside - hommage à Pink Floyd et à leur album mythique Dark Side of the Moon, symbole d’une époque incandescente - des noms évocateurs qui ressemblent à des onomatopées de bandes dessinées. En 2010, Philippe Starck propose pour Laguiole un couteau au manche en inox estampé à froid comme une pièce de bois que la lame prolonge de façon naturelle. Cette pièce pour la table exprime une nouvelle fois cette éthique de la simplicité, chère au créateur : aucune aspérité, aucune complexité, le maniement du couteau est élémentaire.
En septembre 2013, Philippe Starck témoigne de sa compréhension intuitive, intime, des objets du quotidien par la création d’une collection d’équipements de cuisine – réfrigérateurs, plaques chauffantes, hottes, fours et fours à micro-ondes - pour Gorenje. Des éléments en acier inoxydable et en verre à haute-réflexion, dont le design épuré et élégant s’adapte à tous les intérieurs. Un double enjeu fondamental – tant tehcnologique qu’humain, qu’exprime Starck : « avec Gorenje by Starck, le défi fut de créer quelque de technologiquement impeccable tout en conservant une émotion et un sentiment humain. L’élégance réside à la fois dans la discrétion de ses hautes qualités techniques et dans son design minimal. » La flexibilité, la qualité et l’élégance de la collection seront récompensées par le prix ELLE Deco Russie du ‘Meilleur équipement électroménager’ en 2016, puis par le ‘German Design Award 2017’.
En 2015, il initie une collaboration avec le spécialiste français des arts de la table, Degrenne Paris. Il apporte une rafraîchissante touche moderne et élégante à un produit iconique de la maison, le couteau L’Économe. La lame emblématique de l’eplucheur L’Econome by Starck permet de retirer la plus fine pelure pour garder le meilleur et le maximum de chaque fruit et legume. Starck s’est d’ailleurs inspiré de l’essence de l’ustencil pour repenser sa forme. Le manche sculpté, à l’ergonomie optimale est le résultat d’un travail d’épure vers la racine carrée de l’objet où forme et fonction se confondent. « L’Econome by Starck s’est auto-dessiné en s’auto-épluchant : un objet pour éplucher qui s’épluche lui-même, » explique Philippe Starck. L’Econome by Starck est une collection intelligente qui compte des outils de cuisine, des couverts, de la vaisselle et des verres et qui propose une réponse humble et honnete aux questions contemporaines d’éco-logie et d’eco-nomie.
Créateur amoureux des sens réveillés et artificiers de rêves éveillés, Starck ne dédaigne pas pour autant la poésie du prosaïsme. Soucieux de nourrir aussi bien notre âme que notre corps, il met au point une structure tubulaire novatrice qui garantit une cuisson « al dente » – la seule acceptable, bien sûr – pour la Pasta Panzani (1994).
Philippe Starck crée en 1996, OAO, une société de produits alimentaires, afin de simplifier l’accès aux produits biologiques dont des produits festifs tels le champagne ou le vin. Des produits issus de l’agriculture biologique et responsables, tout à fait précurseurs dans leur nature et dans leur accessibilité au plus grand nombre grâce à la vente par correspondance depuis le catalogue Good Goods créé par Starck pour La Redoute.
En 2004, la création de LA Organic marque un tournant : il s’agit des premières huiles d’olive biologiques à être assemblées par un œnologue, Michel Rolland. Produite Au concours international Oil China 2012, LA Organic obtient la médaille d’Or avec l’huile LA Oro Intenso et la médaille d’argent avec l’huile LA Oro Suave dans la catégorie des huiles biologiques (sans pesticides). En 2013, et pour la troisième année consécutive, les huiles LA Organic recoivent trois médailles d’Or au Concours international de l’Huile d’Olive de Los Angeles 2013. En 2016, elle a rejoint le Top 20 des meilleures huiles d’olive au monde, dans le classement établi par le prestigieux guide Flos Olei.
En 2012, le créateur imagine avec l’aventurier scientifique David Edwards un aérosol, le WAHH, qui en un spray permet de ressentir le vertige de l’ivresse sans ses effets indésirables. Ce petit objet explore ainsi le nouveau territoire infini de l’aérosol alimentaire, du rapport exponentiel entre les quantités infimes ingérées, le goût et l’effet ressenti.
De nombreuses années de recherches et de travail, ont permis à Starck et à la maison de champagne Louis Roederer de présenter en septembre 2014, la cuvée Brut Nature 2006. Ce champagne millésimé non dosé en sucre est autant le fruit d’un terroir prestigieux que d’une collaboration unique entre une maison de champagne, son chef de cave et un créateur. Ainsi que l’exprime Philippe Starck, « Brut Nature 2006 est non seulement une aventure formidable mais aussi une invention : du produit mais aussi de son processus d’élaboration qui est le résultat de la création d’un langage diagonal, la traduction de mots en champagne ». En 2016, la maison de Champagne et le créateur ont renouvellé leur association pour le Brut Nature 2009, décrit comme « un vin sincère, produit par gens honnêtes. » En 2019, le lancement de deux nouveaux millésimes Brut Nature 2012, un blanc et un rosé, prolongent et inscrivent cette démarche dans la continuité.
En 2015, Starck créé sa propre bière, Starck Beer with Olt. Avec la Brasserie d’Olt, ils ont su mettre en place un processus créatif unique, transversal, permettant de traduire la créativité de Starck en une bière unique aux dosages précis et à la composition certifiée Agriculture Biologique. Ils se sont inspirés de la Nature afin de créer ensemble une bière dorée et organique en résonance avec le terroir exceptionnel du plateau de l’Aubrac.
« J’ai tenté d’orienter le métier du design dans une action politique et sociale, complice mais dénonciatrice, pour créer de l’action et de la réaction. » Philippe Starck
Philippe Starck a toujours eu le souci de faire passer un message politique. Il y travaille en associant humour et poésie au sein de projets transversaux et de toutes dimensions. Et il n’aime rien tant que savoir que ces surprises provoqueront amour ou rejet : « un objet qui serait immédiatement admis n’aurait pas de légitimité à exister », se plaît-il à répéter.
« A plus long terme, le design aura rejoint une des lignes les plus fondamentales de notre évolution qui est la dématérialisation. » Philippe Starck
En faisant très tôt le choix d’un plastique de qualité, répondant aux normes en vigueur, dans l’élaboration de mobilier, Philippe Starck fait preuve d’une compréhension profonde de l’évolution vers l’invisibilité et la dématérialisation. Moins de matière pour plus d’intelligence, voilà comment le créateur imagine les objets.
« En attendant que certains objets disparaissent, explique Philippe Starck, il faut les rendre supportables par un choix du regard venant d’un essai d’invisibilité par le biais de la transparence. » Il développe ainsi des meubles en plastique transparent – tels que les iconiques chaises Marie et Louis Ghost (Kartell, respectivement 1996 et 2000), véritable traité de modernité annonçant cette inéluctable dématérialisation. Marie, chaise à l’épure « mathématique », a été imaginée par le créateur avec le moins de style, le moins de poids, le moins de matériau et le moins de présence possible.
Mais c’est avec Louis Ghost que cette approche de la dématérialisation connaîtra son plus grand succès avec plus d’un million d’exemplaires vendus et une nomination au People’s Design Awards du prestigieux musée Cooper-Hewitt à New York. Philippe Starck en est persuadé, la chaise résulte de cette approche nouvelle mais également d’un héritage et d’une pensée culturelle occidentale commune ainsi que du pont qu’il a construit entre dématérialisation et démocratisation : « La Louis Ghost a été élaborée par notre subconscient collectif, elle n’est que le résultat naturel de notre passé occidental, de notre présent et de notre futur. Elle permet également par sa technologie d’offrir le bon design, la bonne technologie, au bon prix. C’est la continuité du design démocratique. Grâce à sa transparence, on peut décider de la voir ou
En 2011, Philippe Starck poursuit la réflexion sur l’invisibiltié et la dématérialisation, avec la collection Aunts and Uncles pour Kartell, une série de mobiliers transparents destinée autant aux espaces intérieurs qu’extérieurs, et conçue en polycarbonate monobloc grâce au procédé de moulage par injection de plastique. Cette méthode permet d’obtenir des meubles légers et solides. Le sofa Uncle Jack relève d’un record en raison de sa taille de plus de deux mètres de long, des dimensions impressionnantes rendues possible grâce à un travail de plus de 4 ans de recherche sur la conception de la forme du moule. Des innovations uniques qui lui valent de recevoir le prix Red Dot Best of the Best en 2016.
Chaque création est sous-tendue par un message qu’il soit politique, humoristique ou poétique. Aussi, suite à une conversation avec le célèbre cinéaste allemand Wim Wenders, Philippe Starck crée en 1988 pour Vitra le tabouret W.W.. Fasciné par la force vitaliste de la croissance des végétaux, Starck imagine un tabouret assis-debout biomorphique composé de trois pieds organiques et d'une fine selle en forme de radicule pour assise. Le tabouret, telle une béquille ou une prothèse, est conçu comme un élément de repos, un appui momentané. La sobriété des lignes et la réduction de la matière à son strict minimum délestent l'objet de sa masse au minimum de matière nécessaire à sa fonction.
En 1997, Philippe et Fiam présente le miroir Caadre, un jeu de reflexion entre vérité et mensonge, illusion et réalité dans un miroir aux proportions théatrales. En 2016, une version lumineuse rétroéclairée de Caadre est révélée.
Composée et formelle quand il s'agit de recevoir, la collection Privé (Cassina, 2006) devient quant à elle le domaine parfait de la transgression dans le cadre intime et privé de la maison.
« Je souhaitais créer un mobilier orienté vers le désir et le plaisir, un mobilier sexuellement ergonomique mais qui puisse également recevoir la grand-mère pour le thé. » Le jour et la nuit se mêlent, le salon et le boudoir pour une collection qui va de la chaise au canapé et au pouf. Au fil des années, le créateur a completé sa collaboration avec Cassina, avec les confortables et élégantes chaises de réception Caprice et Passion (2006), le sofa Volage EX-S (2014), et plus récemment la table basse Volage EX-S (2016) une intelligente et poétique association de l’aluminium et marbre.
Avec les chaises Masters (2007, Kartell), Philippe Starck poursuit sa réflexion sur les notions de dématérialisation et d’héritage collectif. Il démonte, nettoie, dissèque les icônes du design, afin d’identifier et extraire leurs lignes structurelles qui, pour reprendre la formulation du créateur « additionnées les unes sur les autres, créent un nouveau produit, un nouveau projet, reflet de notre nouvelle société ». Avec la Masters, Starck propose sa lecture des lignes structurelles de quatre grands designers de l’histoire du design (Charles et Ray Eames, Arne Jacobsen et Eero Saarinen).
Avec Lou Reed (Driade, 2009), Starck propose un fauteuil aux courbes sculpturales, imaginé pour le Royal Monceau, lieu de sa rencontre avec l’artiste Lou Reed quinze ans auparavant. Plus qu’un hommage à son ami, le projet se révèle en manifeste pour la lecture et la conversation, activités à contre-courant à l’heure de la domination des écrans. En 2014, la famille s’agrandit, accueillant une chaise et un fauteuil, respectivement baptisés Lou Eat et Lou Think ; Lou Speak, un autre fauteuil, les accompagne en 2015.
En 2011, la table Big Will pour Magis affiche une poésie légèrement surréaliste chère à Philippe Starck. La table aux dimensions théâtrales semble vouloir prendre son envol ou s’enfuir grâce à ses deux roues chromées.
La même année, Starck développe le canapé My World (Cassina, 2011), « un cocon, une niche, un monde » ainsi que le confortable et intemporel mobilier d’extérieur Rayn (Dedon, 2011).
La production de mobilier en plastique revêt une dimension nouvelle avec la création de la maison d’édition TOG – All Creators TOGether en 2012. Pour Philippe Starck, la marque italo-brésilienne TOG est un état politique, une philosophie qui entend résoudre un paradoxe en réunissant les mondes « de la haute technologie industrielle, de la production de masse et celui de l'artisanat, reflet de l'excellence humaine, singulière et unique. » Guidé par une conscience éthique, Starck est en quête de solutions innovantes face au consumérisme matériel et à la crise écologique. Ainsi propose-t-il des objets « interactifs et participatifs » que l'utilisateur va pouvoir s'approprier et rendre unique grâce à des déclinaisons de formes et de couleurs interchangeantes et à un réseau d’artistes et artisans internationnaux proposant de customiser les meubles.
En 2013, Starck revisite avec Magis, le mythique fauteuil de réalisateur et, tout en conservant la simplicité évidente des lignes, il insuffle au fauteuil Stanley une nouvelle modernité, par l’élégance des hautes technologies déployées dans sa conception.
Avec la collection Boxinbox pour Glas Italia (2013), Starck repense la relation métonymique existant entre le musée et l’œuvre d’art, proposant des meubles en verre transparent coloré à la fois vitrine et objet d’art. « Le musée des musées, ou quand l’exposition devient l’œuvre d’art », pour reprendre la formule de Starck. Starck poursuit sa collaboration poétique avec Glas Italia, avec la table Lady Hio en 2014, puis le raffiné mirroir Marlène en 2017 et la table Mari Cristal en 2019. Fasciné par le verre que Starck définit comme une « magie, une élégante poésie issue du miracle de la fusion de la nature, du savoir-faire de l’homme et de la technologie. »
Toujours dans l’exploration des références culturelles, il présente Generic (2014) pour Kartell : « Generic est une exploration : le désir d’atteindre le noyau central, de l’ouvrir, de le nettoyer pour identifier le minimum nécessaire, et l’extraire. » Generic A est une chaise archétypale de celle que vous pouvez trouver dans les bureaux de poste, les ministères ou à l’armée, tandis que Generic C est représentative de la chaise typique des cafés. S’émancipant des lignes extérieures pour aller chercher au cœur de toute chose, la ligne Generic est d’une extrême modestie, avec la disparition totale du designer. « Une démarche intéressante intellectuellement, mais qui l’est également en terme d’Economie et Ecologie car c’est avant tout un travail sur l’intelligence de la matière, sur l’intelligence de la structure », ainsi que son auteur l’explique. Cette collection a été rejointe l’année suivante par trois nouveaux modèles : Generic B, une interprétation ramenée à l’essentiel de la chaise de bistrot parisien, Generic CW, réalisée selon l’idée que le designer se fait des sièges basiques entourant les podiums des défilés de haute-couture (le catwalk évoqué par le CW), et Generic for Venice, en hommage à Ariago Cipriani et au Harry’s Bar de Venise et qui reçoit le Red Dot Award 2019.
En 2015, Starck et Driade collaborent sur deux projets : Wow, réinterprétation dans une forme modulaire de l’emblématique sofa Royalton, et la collection Torquemada, un hommage à l’élégance du minimum, à la sophistication de l’ère Cro-Magnon. Elle propose une table en chêne, une chaise, un fauteuil, et un tabouret, tous tenus par des chevilles en métal poli miroir.
En 2016, Starck a concu deux nouvelles collections pour Kartell. La première, Sun Tan, répond à ce qu’il décrit « une collection générique pour le jardin et la piscine. » - deux chaises et deux transats -, qui apportent une touche de discrétion élégante, par leur « quête de forme et spirituelle ». Sun Tan recoit d’ailleurs en 2019 le prix Edida du meilleur design dans la catégorie ‘Outdoor’.
La seconde, Smart Wood, revêt une importance particulière aux yeux de Starck.
En gestation depuis plus de 30 ans, la collection met à profit des technologies innovantes, emmenant les matières naturelles dans de nouvelles directions : « Le progrès technologique, dit Starck, nous permet d’offrir plus avec encore moins. Et c’est là l’essence du ‘bois intelligent’. » Sa conception fait en effet appel à une technique unique et brevetée : le bois est moulé pour créer un effet 3D qui était, jusqu’à présent, seulement possible en 2D. Les panneaux latéraux créent ainsi des courbes enveloppantes comme une étreinte pour offrir un confort total. Cette collection à la technologie unique valorise les bonnes pratiques en termes de durabilité et production de matières premières recyclables à faible impact environnemental.
En 2017, née de la collaboration entre Starck, Kartell et Autodesk, la chaise A.I. poursuit l’exploration de nouvelles manières de créer et produire. La collection est le fruit d’un travail commun entre intelligences artificielle et humaine, que le créateur définit comme « intelligence naturelle ». Il explique : « Nous avons posé la question suivante à une intelligence artificielle : saurais-tu comment faire reposer notre corps en utilisant le moins de matière et d’énergie possible ? A.I., a répondu simplement, sans culture, sans souvenirs, ni influence. De là, résulte ainsi le premier siège qui n’a pas été façonné par notre cerveau, nos habitudes et notre raisonnement habituel. Un nouveau monde s’ouvre à nous. Un monde illimité. »
Convaincu que le mobilier d’extérieur ne peut être un concept en soi, Philippe Starck propose une nouvelle réflexion sur le mobilier destiné aux espaces extérieurs. En 2018, il crée avec Cassina Fenc-e Nature : des canapés, fauteuils et tables basses au plus proche de la nature qui s’en s’inspirent dans une construction intemporelle quasi primitive mais raffinée par l’élégance de détails ultra modernes. Fenc-e Nature reçoit en 2021 le Prix ‘Best of Woodcraft’ du magazine Wallpaper*.
Toujours en 2018, pour sa première collaboration avec B&B Italia, Starck crée Oh it rains!, une collection au concept unique qui offre une véritiable service à l’utilisation extérieure grâce aux dossiers pliables qui protègent canapés et fauteuils des intempéries. L’ingéniosité et l’efficacité de ce design unique et innovant sont recompensées par le Prix ‘Best of Cover’ du magazine Wallpaper*.
La lumière pour le créateur remplit le même rôle que les mots pour un écrivain : sans elle, rien n’existe – notion enrichie par sa philosophie et son éthique. Tamish (3 Suisses, 1982) ou encore les lampes pour Flos, Miss Sissi (1988), Archimoon (1996) et SuperArchimoon (1998), démontrent que la lumière joue décidément une partition essentielle dans son œuvre depuis toujours.
De la lampe Gun (Flos, 2005), Philippe Starck disait qu’elle était « un signe du temps », qui inscrit violemment la mort dans notre paysage quotidien et dénonce la collusion de la guerre et de l’argent. Subversive et politique, la lampe emblématique porte également en elle la folle poésie de son créateur. Une partie des bénéfices générés par ses ventes est reversée à l’association « Frères des Hommes ».
Cette passion pour la subversion et la confrontation d’objets décalés sans rapport évident entre eux est à l’œuvre avec Marie-Coquine (2009). Hommage au surréalisme poétique de Mary Poppins, le chandelier en cristal de Baccarat se transforme en sculpture à l’esprit « ready made et Dada », protégée à une extrêmité par un parapluie couleur d’ivoire et dont le contrepoids n’est autre qu’un sac de frappe pour boxeur. Au cœur du salon, Marie-Coquine est l’exemple parfait de ce que Starck appelle « une surprise fertile ».
En 2011, le créateur revisite pour Baccarat le mythe du lustre Zénith ainsi que l’histoire intemporelle de l’icône Harcourt, de l’applique murale à lampes de table. Le bougeoir Our Fire créé en 2006 continue d’évoluer jusqu'à une version plus intime My Fire en 2017.
Cette fascination pour la lumière nourrit également les innovations réalisées pour Flos : Lampe A4 Light (2011) à lumière plate; Kiki Le Cub (2011), « pleine de vide », ou la lampe Chapo (2011) fantasque et élégante.
Le raffinement technologique est également au cœur de la collection de luminaires Bon Jour conçue avec Flos, en 2013. Elle inaugure un nouvel archétype, celui d’un corps éthéré, pur, presque immatériel, qui se prête idéalement à la personnalisation selon les goûts et la créativité de chacun.
La collection Bon Jour Versailles, pour Baccarat et Flos en 2015 avec ses deux modèles disponibles en cristal et polyméthacrylate, résout le paradoxe entre précision industrielle et savoir-faire artisanal, entre aristocratie et démocratie, entre science et poésie. Héritière de la précédente collaboration de luminaires Bon Jour entre Flos et Starck, et du célébre bougeoir Versailles édité par Baccarat, la collection Bon Jour Versailles dévoile des lignes intemporelles à la légèreté inaltérable et à la modernité empirique qui convoquent notre mémoire collective d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
A mi-chemin entre une lampe et un miroir, telle une apparition issue d’un conte, La Plus Belle (Flos, 2015) est un objet magique et sophistiqué.
Starck complète sa réflexion sur le mobilier destiné à l’extérieur en créant, toujours avec Flos, les lampes In Vitro (2018) et In Vitro Unplugged (2019). Des globes en verres suspendus, où l’ampoule a disparu comme par miracles, « c’est l’idée poétique et surréaliste d’un éclairage dématerialisé et du souvenir de l’espace occupé par la lumière. ».
En janvier 2010, au salon Domotex de Hanovre, Philippe Starck présente Fletco by Starck, le fruit de sa collaboration avec l’entreprise danoise Fletco, spécialisée dans le revêtement des sols. Créée en 2008, la collection est récompensée dès sa commercialisation en 2010 par le Red Dot Award, puis 2011 par le Interior Design Award et la même année par le Designpreis Deutschland. Starck by Fletco n’est pas seulement une collection de moquettes, de carrelages ou de tapis, « c’est un jeu magique, où toutes les combinaisons sont réussies. Cette collection de carrés donne la possibilité aux architectes d’intérieur comme à chacun de créer à l‘infini sa propre partition, son œuvre. » En ayant recours à des matériaux variés – aluminium brossé, acier, bois, verre, et en y injectant une note de luminescence, Starck ouvre grand la porte de l’imaginaire. Le jeu se prolonge ici par une réflexion sur l’ère du jetable, avec un carrelage conçu pour s’incrire dans durée. Les techniques de production développées par Flecto, totalement respectueuses de l’environnement, s’inscrivent naturellement dans la démarche de Starck.
Cette démarche associant flexibilité et durée – dans une approche respectueuse des enjeux écologiques – est également au cœur de la première collection de dalles céramique réalisée en association avec le fabricant italien Ceramica Sant’Agostino en 2012. Flexible Architecture Ceramica Sant Agostino by Starck fait ainsi d’une matière rigide un nouvel élément d’architecture flexible aux possibilités infinies, tout en préservant le caractère durable de la céramique. « Nous quittons la "deux dimensions" au profit d’une "trois dimensions" qui offre une infinité de dimensions et de possibilité, résume Philippe Starck. Il n’est plus question ici de décoration mais d’architecture. »
Flexible, aisément adaptable, tri-dimensionnelle, cette vision a également apporté sa singularité aux façades des bâtiments industriels. En 2013, Starck revisite le traditionnel habillage métallique grâce à un système unique qui permet aux architectes de singulariser leurs constructions sans les percer ni modifier leur intégrité. Tel un jeu de construction, Relief by Starck (Ateliers 3S) a été imaginé comme une extraordinaire boite à outils à l’intention des architectes, permettant des combinaisons quasi infinies de reliefs, de matières et de couleurs.
En 2016, Starck fait équipe avec Forbo, pour imaginer une collection innovante de recouvrement des sols : Flotex by Starck. Trois motifs différents peuvent être librement associés dans des combinaisons quasiment illimitées, rendant la collection remarquablement protéiforme. 100% résistant à l’épreuve de l’eau et du pourrissement, Flotex by Starck réunit les performances du PVC et des matières textiles et d’irréprochables stabilité dimensionnelle, qualité et durabilité dans un revetement inédit primé par le ‘BAU-Trend Award by AIT/xia’ en 2019.
Autant de projets qui épousent parfaitement l’ambition de rendre l’environnement meilleur, des tapis et revêtements de sol intelligents à l’architecture flexible.
« J’ai toujours essayé d’avoir une réflexion globale, de trouver des solutions pour chaque sujet important que j’ai rencontré dans mon travail. J’ai toujours été impliqué par l’écologie. Pour moi, l’écologie n’est pas un concept, c’est vital. C’est un devoir auquel chacun doit participer. » Philippe Starck.
Bien avant que les préoccupations environnementales ne relèvent, hélas, de l’urgence impérieuse, Philippe Starck avait saisi en visionnaire avisé qu’elles seraient au cœur de notre présent, essentielles à notre avenir. Son souci de développer des créations durables, imaginées indépendamment de toute notion de mode périssable, qu’elles soient d’abord utiles, qu’elles remplissent leur fonction essentielle inscrivait son travail dès ses premiers pas dans une démarche responsable, éthique. Ses objets, ses solutions, Philippe Starck souhaite les partager avec le plus grand nombre en offrant des objets de haute-technologie, écologiques, et à des prix abordables. Philippe Starck s’attache à doter ses créations d’un style au minimum, à l’os, qui transcende les modes et les époques par son intemporalité, paramètre fondamental garantissant la longévité stylistique de l’objet et donc sa durée de vie et d’utilisation de génération en génération.
Visionnaire, citoyen enthousiaste, Philippe Starck s’engage pour le futur de l’Homme à travers une écologie démocratique qui aide ses contemporains à mieux vivre en harmonie avec leur milieu naturel, tout en s’inscrivant dans une vision d’ensemble pour faire mieux que survivre, et proposer aux générations futures la possibilité d’écrire leur avenir sur une page blanche, pour qu’ils inventent une autre histoire, un autre romantisme. C’est cela la vision : la capacité à changer de perspective sur son action créative pour aller plus loin – et à la partager avec le plus grand nombre. « De plus en plus informés, souligne-t-il, nous avons tous la possibilité de reprendre en main le destin de l’espèce humaine plutôt que de se laisser aller aux mécanismes du marché mercantile. » Il s’agit de renoncer au cycle dément des modes pour offrir des objets justes. Philippe Starck appréhende en visionnaire les mutations du monde contemporain et y apporte des réponses concrètes par une approche, parmi tant d’autres, bioniste, inspirée de l’organique, et une volonté d’initier une décroissance positive, cherchant perpétuellement le plus dans le moins.
Chez Starck, la priorité est donnée à la conception du meilleur pour tous sans condition. Et il prouve par l’exemple qu’une autre vision de la consommation est absolument possible.
Précurseur, Philippe Starck propose en 1996-97, Good Goods, un catalogue de « non-produits pour les non-consommateurs du futur marché moral », en vente par correspondance par La Redoute. Le catalogue propose, déjà, des produits alimentaires issus de l’agriculture biologique dont des produits festifs tels le champagne ou le vin (OAO, 1996), des produits responsables et écologiques tels que des détergents Ecovert, des peintures sans solvants, du mobilier, des objets de mobilité verte comme des vélos et kayak, ainsi qu’une collection de t-shirts en coton bio et aux messages engagés.
En 2004, la création de LA Organic marque un tournant : il s’agit des premières huiles d’olive biologiques à être assemblées par un œnologue, Michel Rolland. Au concours international Oil China 2012, LA Organic obtient la médaille d’Or avec l’huile LA Oro Intenso et la médaille d’argent avec l’huile LA Oro Suave dans la catégorie des huiles biologiques (sans pesticides). En 2013, et pour la troisième année consécutive, les huiles LA Organic recoivent trois médailles d’Or au Concours international de l’Huile d’Olive de Los Angeles 2013. En 2016, elle a rejoint le Top 20 des meilleures huiles d’olive au monde, dans le classement établi par le prestigieux guide Flos Olei.
En 2015, il crée sa propre bière Starck Beer with Olt. Philippe Starck et la Brasserie d’Olt ont su inventer ensemble un processus créatif unique, transversal, permettant de traduire la créativité de Starck en une bière unique aux dosages précis et à la composition certifiée Agriculture Biologique. Ils se sont inspirés de la Nature afin de créer ensemble une bière dorée et organique en résonance avec le terroir exceptionnel du plateau de l’Aubrac. Starck Beer reçoit de nombreuses récompenses pour sa qualité, dont la médaille de bronze du World Beer Awards 2017.
Conscient de l’urgence du développement d’une écologie démocratique, son combat civique se fait plus radical encore : un engagement personnel, mais aussi une invitation ferme à le rejoindre. Il invente, en 2008, pour le groupe industriel italien Pramac, une éolienne individuelle à la fois très désirable, invisible, facilement accessible et utilisable à un prix abordable. Elle répond également aux nouveaux critères de mobilité imposés par notre destin nomade.
En 2010, Philippe Starck propose une corbeille 100% recyclable réalisée en plastique végétal issu de cultures de proximité. Objet esthétique et éthique, Elise by Starck est un appel lancé au plus grand nombre pour qu’ils pratiquent un recyclage ludique qui se verra récompensé par le Trophée Eco Conception. L’objectif de ce projet est multiple : assurer la collecte et le recyclage des papiers de bureau mais aussi créer une activité visant à assurer un emploi stable à des personnes connaissant des difficultés d’insertion, notamment en situation de handicap. De même, comme il le confie : « Ma responsabilité est aujourd’hui plus de m’intéresser aux futures productions d’énergie et aux futures matières qui remplaceront le plastique, dérivé le plus utilisé du pétrole. »
Une approche profondément éthique qui pousse Philippe Starck à imaginer en 2008, la Feuille d’eau, puis la Lame d’Eau en 2014 – respectivement gourde et carafe réutilisables visant à encourager la consommation d'eau potable du robinet, bien commun de l'humanité et dont la vente aide à financer les actions soutenues partout dans le monde par la fondation France Libertés de Danielle Mitterrand.
En 2013, avec Speetbox by Starck (Speeta), la première collection de chauffages haute performance, Starck poursuit une démarche qui est au cœur de préoccupations : repenser nos moyens de consommer et de générer de l’énergie. A un poêle à bois étanche peut s’ajouter un système de modules appelés « box » aux fonctionnalités variées : des box de rangement particulièrement adaptés au stockage du bois de chauffe et des box d’accumulation de chaleur permettant une diffusion progressive de la chaleur sur plus de 24h. Grâce à une application inédite pour Smartphone, le poêle est contrôlable à distance et programmable, et la haute technologie à portée de chacun pour une gestion personnalisée de tous les paramètres de chauffage. Speetbox by Starck rend l’écologie et la technologie accessibles à tous, et offre la possibilité d’une solution de chauffage économique, performante et adaptée.
En 2014, la première Ideas Box est déployée dans la région des Grands Lacs du Burundi. L’Ideas Box, médiathèque en kit créée par Philippe Starck pour Bibliothèque Sans Frontières sous le haut patronage de l’UNHCR (Agence des Nations Unies pour les Réfugiés), offre aux populations en proies à des crises humanitaires un accès à Internet, aux livres, à diverses ressources pédagogiques, mais également au théâtre et au cinéma. Elle concoure ainsi à redonner la possibilité aux individus et aux communautés de reconstruire ce qu’ils ont perdu, car « lorsque que l’on a tout perdu, ce qui nous reste c’est le rêve ». Depuis le concept de l’Ideas Box s’étend avec succès à travers le monde, aujourd’hui dans plus de 11 pays, et a reçu en 2015 le prix du jury du ‘Google Impact Challenge’ et en 2016 le ‘Wise Award’ pour son intelligence et son humanité.
En 2015, Starck dévoile sa première collection avec la marque brésilienne Ipanema. Les sandales Ipanema with Starck, au design minimal et organique, sont produites dans des usines éthiques et éco-réponsables au Brésil, à partir de 30% de matière recyclée. Grâce à ce système de création et de production vertueux, Starck étend son concept de design démocratique, éco-nomique et éco-logique. « Quand l’élégance est accessible pour quelques dollars ou euros, ce n’est plus de la magie, c’est un miracle moderne », résume-t-il. La collection la plus récente, lancée en mars 2019, prolonge l’exploration du « territoire de la haute élégance associée au minimalisme le plus affirmé. »
En 2016, Starck crée les stations Sport Lib’, à l’instigation de l’ancienne star du rugby Sébastien Chabal : des appareils de sport, installés en extérieur, dans l’espace public, à l’usage de tous gratuitement. Adaptés à leur environnement, d’un design minimaliste, ils répondent aux objectifs fondamentaux que Starck assigne au design : « Ce sont de beaux objets qui sont avant tout utiles. »
Née de la collaboration entre Philippe Starck, Kartell et Autodesk la collection A.I. (2017) poursuit l’exploration de nouvelles manières de créer et produire. La collection est le fruit d’un travail commun entre intelligences artificielle et humaine, que le créateur définit comme « intelligence naturelle ». Il permet l’optimisation de la matière utilisée afin de réduire au minimum la quantité d’énergie nécessaire à la production d’une chaise. Une démarche profondément responsable d’autant que les chaises A.I. sont frabriquées à partir de déchet de plastique industriel. Une innovation applaudit par le Red Dot Winner award en 2020.
Si aucune proposition n’est pour lui une réponse définitive aux enjeux de notre temps, le créateur propose de nouveaux modèles, d’autres façons de consommer, de se déplacer, persuadé que ce sont les inventeurs qui tracent la voie d’un monde meilleur.
Dès 1992, proposant en collaboration avec les 3 Suisses l’historique Maison de Starck, une maison individuelle en bois vendue par correspondance, Philippe Starck se pose en précurseur d’une architecture écologique et démocratique, à l’heure où les maisons en bois sont encore quasiment interdites.
Avec P.A.T.H. (Prefabricated Accessible Technological Homes), Philippe Starck renouvelle ainsi l’approche de la maison individuelle préfabriquée de haute technologie. Fabriquée et distribuée par l’entreprise slovène Riko en 2014, cette solution clef en main répond entièrement aux préoccupations qui animent Philippe Starck depuis toujours : l’accessibilité, le confort, la sécurité, l’adaptabilité aux besoins, un design intemporel, le respect de l’environnement et des standards écologiques, tout en intégrant un véritable processus industriel garant d’une qualité durable et d’un budget respecté. « Si nous voulons penser les choses sur le long terme, il faut être sûr que le style de ce que nous créons aujourd’hui soit toujours pertinent dans 50, 100, voire 200 ans. La longévité et la notion d’héritage qui étaient presque des sujets tabous dans les années 1970-1980, sont aujourd’hui devenus des notions fondamentales. Plus que le style, il s’agit de penser, d’imaginer et de construire avec les bons matériaux. Avec un prix le plus juste possible, une qualité irréprochable, et le meilleur de la technologie. C’est tout cela qui nous emmènera vers un meilleur futur », rappelle Philippe Starck.
Si aujourd’hui, nul ne peut encore imaginer une vie sans plastique, matériau de première nécéssité quotidienne pour la majorité de la population mondiale, il est essentiel pour Philippe Starck de penser l’avenir à l’aune de la nouvelle civilisation qui émerge. Fort du constat que le plastique organique et recyclé ne suffit pas, c’est à une révolution plus profonde à laquelle le créateur travaille, celle de la décroissance positive et de l’intelligence créative qui permettront d’aboutir à une ère heureuse du post-plastique.
Et le rêve d’une ère du post-plastique qu’appelle de ses vœux Philippe Starck porte déjà ses fruits. La chaise Zartan (Magis, 2009), première chaise rotomoulée entièrement recyclée, où les composants plastiques laissent place aux matières végétales. La chaise Broom (Emeco, 2010), initie une autre révolution en recyclant des déchets industriels en composite innovant et durable. En 2012, la lampe Miss Sissi pour Flos, dont la première apparition remonte à 1988, devient le premier produit entièrement produit en plastique biodégradable, marquant une étape révolutionnaire dans l’ère du post-plastique.
En 2008, le créateur fait forte impression à la Biennale d’Architecture de Venise par son approche très personnelle et poétique d’inventer de nouveaux usages aux objets, de les recycler. Ses creations réalisées à partir des Briccole di Venezia, ces robustes planches en bois plantés dans la lagune, emblématiques du paysage vénitien, connaissent une nouvelle vie, réinventés en arts de la table, perpétuant l’histoire d’une ville intemporelle. « Tout dans les briccole a une élégance noble, explique Starck, et maintenant ce bois terminera humblement sa carrière dans nos maisons, avec nous. »
La collection Smart Wood créée en 2016 avec Kartell, revêt une importance particulière aux yeux de Starck. En gestation depuis plus de 30 ans, la collection met à profit des technologies innovantes, emmenant les matières naturelles dans de nouvelles directions : « Le progrès technologique, dit Starck, nous permet d’offrir plus avec encore moins. Et c’est là l’essence du ‘bois intelligent’. » Sa conception fait en effet appel à une technique unique et brevetée : le bois est moulé pour créer un effet 3D qui était, jusqu’à présent, seulement possible en 2D. Les panneaux latéraux d’épaisseur extremement fine créent ainsi des courbes enveloppantes comme une étreinte pour offrir un confort total. Cette collection à la technologie unique valorise les bonnes pratiques en termes de durabilité et production de matières premières recyclables à faible impact environnemental. Une alternative au plastique sans sacrifier la nature et la forêt.
En 2017, œuvrant à explorer d’autres formes d’expression, à partir de matériaux alternatifs, Starck utilise l’Apple Ten Lork, une matière végétale réalisée à partir de déchets de pommes, offrant une plausible solution à la problématique du post-plastique et d’un futur durable. Travaillant avec Cassina, il développe une collection de canapés en cuir végétal qu’il nomme avec humour « Cassina Croque la Pomme ». Dans la continuité de sa réflexion avant-gardiste et expérimentale sur le design contemporain, cette nouvelle piste, recompensée notamment par les Vegan Homeware Awards, marque « le début d’un grand project. Mais avant tout, elle initie un débat plus vaste, aussi urgent qu’obligatoire. »
Ayant pour héritage paternel la créativité, Philippe Starck a toujours su l’injecter à son propre destin. Intégrant tôt l’ingénierie à ses projets, il en fait plus un moteur qu’une condition pratique pour créer de véritables miracles technologiques, capable de faire converger nouveaux et anciens usages et d’appréhender les mutations du monde contemporain.
De 1993 à 1996, Starck, directeur artistique de plusieurs marques du groupe d’électroménager Thomson, crée de nombreux produits dont des enceintes audio, des téléviseurs, parmi lesquels la portable Zéo Tv (1992) ou le premier téléviseur à coque de bois compressé Jim Nature (1992), le téléphone à commande vocale précurseur du smartphone actuel Aloo (1993), le rétroprojecteur LCD Cube (1994) ou encore la radio Lalala (1994). Ses créations pour la marque française se distinguent par leur aspect ludique et visionnaire, proche de l’utilisateur et leur efficience technologique. « De la technologie à l’amour », comme il le résumait à l’époque.
Après s’être consacré aux enceintes sans fil Zikmu (Parrot, 2007) et à la « protection de l’esprit du son », Philippe Starck va encore un peu plus loin dans cette alliance entre technologies les plus avancées et approche profondément sensible. Toujours à la recherche de l’expérience sensorielle inédite, il révolutionne avec le Zik (2010) le casque audio qui prend en compte les aspirations au mouvement, les besoins de dialogue avec le monde et la nécessité d’une ergonomie intuitive.
Deux versions ultérieures du casque, Zik 2.0 (2012) et Zik 3 (2013), sont saluées et récompensées par de nombreux prix - tel que le Distree Diamond Award en 2015 - pour leurs innovations technologiques et esthétiques. Cet amour sincère pour la musique se révèle, de l’aveu même de Philippe Starck, particulièrement fécond : « La musique est indispensable pour la qualité de mes projets. Je suis obsédé par la musique. La qualité de mon travail découle de la qualité de la musique que j’écoute, qui est pour moi comme un terreau fertile, un terreau qui fait travailler mon cerveau. »
Les Casques Zik sont des objets dans lesquels le miracle de la technologie est un prolongement du corps humain. Une réussite technologique reconnue par de nombreux prix au CES 2012, dont le ‘Tom’s Hardware and Tom’s Best of Guide’, le ‘CES Hot Stuff Award’, mais encore le Prix ‘Product of the Future 2012’ du magazine Popular Science et le ‘Middle East Distree Diamond Awards for Technical and Aesthetic Innovation’ en 2015.
Avec la Freebox Revolution (2008), une box internet-téléphone-télévision, Philippe Starck a dessiné un objet qui redonne le pouvoir au peuple, incarnant le design démocratique qu’il défend depuis tant d’années : « Elle est démocratique parce qu’elle est finalement extraordinairement peu chère pour le service qu’elle rend : quand on pense à la puissance de raisonnement, d’intelligence, d’informations qu’on peut acquérir grâce à elle, le prix n’est rien : il est dérisoire. Et elle est révolutionnaire car on peut tout en faire. On s’aperçoit que des boîtes comme la Freebox n’ont de limite que nous-même. » Mais la plus grande des révolutions à laquelle invite Philippe Starck n’est-elle pas celle de l’imagination et de l’innovation ? En mettant l’humain au cœur du progrès et des convergences, il démontre à nouveau qu’il s’intéresse d’abord aux vivants plutôt qu’à la prouesse.
S’amusant à déjouer les attentes, il s’appuie également sur la technologique pour repousser toujours plus loin les limites de l’objet et coller au plus près des nouveaux usages. Pour La Cie, Starck a imaginé deux disques durs externes, LaCie Starck Desktop Hard Drive et Starck Mobile Hard Drive (2007). Le premier est équipé d'une surface tactile qui répond au toucher et permet de lancer l'application de son choix d'un simple effleurement. Avec le nouveau disque dur Lacie Blade Runner by Starck dévoilé lors du CES en 2013, Philippe Starck propose une boîte de Pandore qui allie un intérieur anthropomorphique en métal et une coque angulaire semblable à une cage. Protégé par de l’aluminium, le Blade Runner est sans nul doute le disque dur qui allie le mieux robustesse et esthétisme.
La recherche de la technologie optimale vise à satisfaire nos besoins réels, et non à en créer d’autres, superflus et artificiels. Viser la pérennité, pour établir une relation durable entre l’Homme, la production et l’objet, est la première étape dans l’engagement pour la protection de notre environnement. Avec OLED, en 2008, Starck crée avec Flos la première lampe au monde tirant parti de l’innovation technologique que représente l'Organic Light Emitting Diode (OLED). En 2009, toujours avec Flos, Starck développe D’Elight, une lampe et un iPad qui travaillent à la convergence des usages et des objets pour que la « source d’information devienne source de lumière » ; une innovation recompensée en 2012 par le ‘Good Design Award’.
En partenariat avec l’entreprise française Netatmo, Starck propose en 2011 un thermostat intelligent et connecté permettant à ses utilisateurs d’économiser en moyenne 37% d’énergie. Depuis sa commercialisation, Netatmo by Starck a reçu de très nombreux et prestigieux recompenses, tels que le Red Dot Award 2014 dans la catégorie Product Design et le prix du CES Innovations Design and Engineering Awards en 2015. Il est le thermostat intelligent le plus vendu en France
En 2014, Starck et Netatmo prolongent leur collaboration avec une vanne électrothermostatique pour radiateur. Ces objets connectés du quotidien permettent de contrôler son chauffage à distance grâce à une application pour Smartphone et ainsi de réduire sa consommation d’énergie en l’adaptant à nos besoins réels.
En 2012, Starck débute une collaboration avec le géant chinois de l’électronique, Xiaomi, en travaillant sur son premier design pour un smartphone, le révolutionnaire Mi MIX. Avec sa coque en céramique robuste et douce, et son aluminium dont qualité est digne des critères en vigueur dans l’aérospatiale, il imagine le premier téléphone au monde à l’affichage plein écran, et dont les boutons et les systèmes audio sont invisibles. « Dessiner un Smartphone était une expérience créative neuve pour moi », en dit Starck, « c’est un début. ». L’histoire continue en effet un an plus tard avec le Mi MIX 2 (2013) dont l’écran se fait encore plus performant, plus grand, plus immersif. « A première vue, on croit à une évolution. Mais en réalité, c’est une révolution. » En décembre 2017, les deux téléphones ont rejoint la collection permanente du département de design du Centre Pompidou à Paris, une première pour une firme chinsoie d’électronique, qui a de plus reçu le très convoité prix iF Design Award en 2018. En 2016, Starck et Xiaomi présentent le Mi MIX 2s, mêlant l’art et la technologie. « Rien ne peut être plus intelligent et plus puissant que le Mi MIX 2s, et en même temps, rien ne peut être aussi effacé. Il est l’ultime moins. » Son allure pure et minimale continue de repousser les limites aussi bien du design que de l’ingénierie, apportant une preuve supplémentaire que la capacité de Starck à trouver le juste équilibre entre les formes et les fonctionnalités qui dessineront notre futur.
En 2015, il donne ses gages de noblesses aux équipements médicaux, avec la S.Box By Starck (Sefam), à l’élégance simple, une machine de suivi et une application, élaborées avec Sefam, qui permet d’améliorer les traitements pour les patients souffrant de l’apnée du sommeil.
En gestation pendant plus de 30 ans, la collection Smart Wood (2015), developpée avec Kartell, met à profit des technologies innovantes, emmenant les matières naturelles dans de nouvelles directions : « Le progrès technologique, dit Starck, nous permet d’offrir plus avec encore moins. Et c’est là l’essence du ‘bois intelligent’. » Sa conception fait en effet appel à une technique unique et brevetée : le bois est moulé pour créer un effet 3D qui était, jusqu’à présent, seulement possible en 2D. Les panneaux latéraux créent ainsi des courbes enveloppantes comme une étreinte pour offrir un confort total. Cette collection à la technologie unique valorise les bonnes pratiques en termes de durabilité et production de matières premières recyclables à faible impact environnemental.
En 2017, née de la collaboration entre Starck, Kartell et Autodesk, la chaise A.I. poursuit l’exploration de nouvelles manières de créer et produire. La collection est le fruit d’un travail commun entre intelligences artificielle et humaine, que le créateur définit comme « intelligence naturelle ». Il explique : « Nous avons posé la question suivante à une intelligence artificielle : saurais-tu comment faire reposer notre corps en utilisant le moins de matière et d’énergie possible ? A.I., a répondu simplement, sans culture, sans souvenirs, ni influence. De là, résulte ainsi le premier siège qui n’a pas été façonné par notre cerveau, nos habitudes et notre raisonnement habituel. Un nouveau monde s’ouvre à nous. Un monde illimité. » Une démarche inédite et innovante applaudit par le Red Dot Winner award en 2020.
« Le bionisme, c’est s’inspirer de l’organique pour créer des technologies mieux adaptées à l’humain. » Philippe Starck
Dès 1994 avec Starck Eyes - devenu en 2019 Starck Biotech Paris – en collaboration avec Mikli puis Luxottica, Starck révolutionne l’univers de la lunette en concevant des montures « bioniques » dont la technologie biomécanique brevetée, unique, est directement inspirée du corps humain. Tous les modèles de la collection sont équipés de l’innovante et brevetée technologie de charnière Biolink® assurant comfort et souplesse maximale. Ce tournant biomécanique est inspiré par articulation acromio-claviculaire du corps humain, et empreinte à l’épaule sa liberté de mouvement à 360° degrées. En 2019, la nouvelle campagne publicitaire, mettant en lumière cette flexibilité, pour ce qui s’appelle désormais la collection Starck Biotech Paris, réaffirmait son implication dans le bionisme, et confirmait sa philosophie « Plus on s’approche du corps, moins l’on peut mentir. » En 2020, la marque présente une nouvelle technologie brevetée de charnière, Sphère®. Inspirée de la perfection naturelle de cette forme géométrique, la technologie Sphère® est moins complexe que la collection Biolink®. Elle permet de créer des montures ultra légères en titane, pesant moins de 12 grammes, en utilisant toujours moins de matière.
Disparaissant de notre champ visuel, ils deviennent partie intégrante de notre corps, tout comme Starck Watch, montres portées au plus près de la peau, Starck anticipe l’évolution de la relation entre corps et technologie jusqu’à la possible intégration des objets au corps humain.
Dans une même approche à la fois bionique et écologique, Starck dessine en 2010 une série de mitigeurs aux formes élémentaires et sculpturales en puisant dans un langage minimal qui magnifie la fluidité de l'eau. Les lignes du robinet Axor Starck Organic « sont inspirées de notre corps, de la végétation » et, plus largement, d’un concept récurent qui consiste à « toujours chercher le plus dans le moins » qui traverse sa pratique et promeut par là-même une approche profondément biomorphiste et écologiste qui est récompensée en 2013 par le prix Red Dot ‘Best of the Best’.
En 2017, Philippe Starck s’associe à la start-up Icare Technologies pour créer Aeklys by Starck, la bague intelligente qui vous connecte à votre environnement comme par magie. Plus qu’un nouvel objet connecté, Aeklys by Starck fonctionne en symbiose avec le corps, pour une humanité augmentée. Grâce à une technologie unique brevetée et à un design minimal ultra ergonomique, la bague se substitue à l’ensemble de vos cartes de paiement, titres de transport, clefs de voiture et de domicile, et permet la gestion de votre domotique ainsi que votre identification auprès des dispositifs sans contact actuels. Un miracle technologique et bionique pour des fonctionnalités infinies qui offrent au quotidien plus de liberté et de sécurité.
En janvier 2010, au salon Domotex de Hanovre, Philippe Starck a présenté le fruit de sa collaboration avec la maison danoise Fletco. Starck by Fletco (récompensé en 2011 par le Interior Design Award) n’est pas seulement une collection de moquettes ou de tapis : « C’est un jeu magique, où toutes les combinaisons sont réussies. Cette collection de carrés donne la possibilité aux architectes d’intérieur comme à chacun de créer à l‘infini sa propre partition, son œuvre. » Le jeu se prolonge ici par une réflexion sur l’ère du jetable, en signalant que l’objet juste s’inscrit dans la durée. En ayant recours à des matériaux variés – aluminium brossé, acier, bois, verre, et en y injectant une note de luminescence, Starck ouvre grand la porte de l’imaginaire. Les techniques de production textiles développées par Flecto, totalement respectueuses de l’environnement, s’inscrivent naturellement dans la démarche de Starck. Cette démarche associant flexibilité et durée – dans une approche respectueuse des enjeux écologiques – est également au cœur de la première collection de dalles céramique réalisée en association avec le fabricant italien Ceramica Sant’Agostino en 2012. Flexible Architecture Ceramica Sant Agostino by Starck fait ainsi d’une matière rigide un nouvel élément d’architecture flexible aux possibilités infinies, tout en préservant le caractère durable de la céramique. « Nous quittons la "deux dimensions" au profit d’une "trois dimensions" qui offre une infinité de dimensions et de possibilité, résume Philippe Starck. Il n’est plus question ici de décoration mais d’architecture ».
Flexible, aisément adaptable, tri-dimensionnelle, cette vision a également apporté sa singularité aux façades des bâtiments industriels. En 2013, Starck revisite le traditionnel habillage métallique grâce à un système unique qui permet aux architectes de singulariser leurs constructions sans les percer ni modifier leur intégrité. Tel un jeu de construction, Bacacier by Starck a été imaginé comme une extraordinaire boite à outils à l’intention des architectes, permettant des combinaisons quasi infinies de reliefs, de matières et de couleurs.
Autant de projets qui épousent parfaitement l’ambition de rendre l’environnement meilleur, du tapis à l’architecture flexible.
Anticipant les futures transformations majeures qui attendent le monde, Philippe Starck réinvente la mobilité, en associant miracles technologiques à une approche soucieuse de l’environnement et de l’humain.
En 2002, Philippe Starck est en charge de la direction artistique d’Eurostar. Il concoit les salons des classes Première et Business des terminaux parisiens et londoniens mais également l’intérieur de l’ensemble des wagons et les uniformes du personnel de ce train mythique qui relie une île à un continent, mais aussi favorise la circulation des idées et des imaginaires.
Avec le vélo-patinette urbain Pibal (2010), créé en partenariat avec Peugeot pour la ville de Bordeaux, Philippe Starck s’attache à répondre aux enjeux des villes contemporaines, ceux d’une mobilité écologique et partagée. « Une réponse inventive et juste aux nouvelles questions », résume-t-il.
C’est dans une même démarche démocratique que Philippe Starck revisite en 2011 la carte de transport de la région Ile-de-France, la Carte Navigo, pour en faire un emblème de démocratisation de la qualité. En offrant à cet objet quotidien et grand public, les apparats d’un objet rare à l’aspect épuré et aux lignes élégantes, le créateur fait la preuve une nouvelle fois que l’exigence de l’élégance n’est l’apanage d’aucune élite.
Amoureux et inconditionnel utilisateur de deux roues, Starck considère le vélo comme une des rares productions issues de l’intelligence humaine à être à la fois positive, constructive et bénéfique.
En 2010, il crée en collaboration avec Peugeot et pour la Ville de Bordeaux, le vélo-trottinette Pibal. Ce vélo urbain à l’ergonomie révolutionnaire propose une réponse aux nouvelles questions posées par les évolutions de la mobilité. Car loin de vouloir se définir en vélo de designer, Pibal est un vélo juste et éthique, adapté à son environnement et aux nouveaux usages. Grâce à une plate-forme située entre les deux roues, il se transforme en trottinette capable de se faufiler dans une artère piétonne. Philippe Starck démontre que le moyen de transport peut être à la fois technologique et écologique, universel et particulier.
Avançant dans sa quête de réécriture des lois de la mobilité, Philippe Starck associe les miracles technologies à son souci écologique, lorsqu’avec le constructeur français Moustache Bikes, ils concoivent Starck Bike (2012). Cette collection de quatre vélos à assistance électrique permet d’explorer « tous les territoires et surtout les territoires infinis et poétiques. »
« Depuis mon plus jeune âge, j’ai deux roues aux pieds : je suis un être biomécanique, moitié homme, moitié deux-roues. La moto est le moyen de locomotion le plus intelligent après la marche et le vélo. » Philippe Starck.
Entre ses mains - car il est lui-même un motard averti et heureux - les motos, à l’exemple de la 6,5 (Aprilia, 1989) de la X3 (Aprilia, 1998) ou encore de la Super Naked Xv (Voxan, 2005), s’intègrent mieux à leur environnement, grâce à son travail sur le minimalisme. Elles redeviennent des objets de loisir et de liberté, se libèrent du machisme et gagnent en épure – loin de la vanité du consommateur. Amoureux et utilisateur inconditionnel de Kawasaki – il en possède sept, réparties dans chacune des villes où il travaille régulièrement-, Philippe Starck revisite la Kawasaki W800 en 2009 pour en faire un objet simple, fonctionnel, rassurant et élégant. « Une bonne moto est construite avec le minimum, un moteur, un réservoir, deux roues. Beaucoup de préparateurs vont vers le plus, nous, nous avons choisi d’aller vers le moins. »
Philippe Starck aime la mer, les bateaux, il en a une connaissance profonde, naturelle et se définit lui-même comme un amphibien, « les pieds palmés et le dos recouvert d’écailles ». Parce que la mer est son élément, il collabore avec Bénéteau pour le voilier First (1988) et réinterprète les codes intemporels de la marine, puis il conçoit le Virtuelle (1997), un voilier de course aux lignes minimales et en accord parfait avec la mer.
Il crée également plusieurs méga-yachts, chacun ayant marqué l’ère du nautisme de son emprunte. Le Wedge II (2002), novateur par son allure épurée qui contraste avec les conventions (et il s’en amuse) de ce type de navires et dont l’élégance est saluée par le prix du meilleur bateau de l’année. Puis, en 2008, il conçoit le A (119 mètres), un vaisseau discret à la philosophie écologique, inspiré du rythme des vagues et de la forme de poisson, à l’étrave immersive et révolutionnaire. « J’ai dessiné l’une des premières coques qui ne fait pas de vague même à 25 nœuds » se souvient Philippe Starck. Avec ses Tenders, cette innovation esthétique et philosophique, le A a trouvé compagnons à la mesure de son élégance, en version « Limousine » proposant un intérieur digne du superyacht lui-même ou en version « ouverte » . Deux prix majeurs ont salué le A : « Most Innovative Yacht in Yachts France » au salon maritime de Cannes en 2009, et « The Most Innovative Exterior Yacht Design of the Year 2008 » du Asia Boating Awards Ceremony en 2008. Sa collaboration avec Hobie Cat (2009), quant à elle, procédait d’une aspiration personnelle : « J’ai eu le bonheur et l’honneur de posséder et de barrer tous les modèles de Hobie Cat. Cette addiction était une religion. La religion du minimum. » Ludique, élémentaire, destinée à tous, sa relecture du mythique bateau rejoint à la fois la vocation démocratique qu’il assigne à ses créations et à son rêve de mobilité, par tous les moyens. Le Venus (2012), de plus de 70 mètres de long et issu d’une philosophie de la dématérialisation est le fruit d’un dialogue nourri et régulier avec son commanditaire, l’un des génies de ce siècle. « Pendant quatre ans nous avons analysé les moindres détails et rassemblé les innovations, pour mettre au point un concentré du plus haut niveau de l’intelligence et de la qualité, raconte Starck. Nous avons réinventé la technologie marine par notre travail, c’était de la philosophie en action.».
Après avoir dessiné les salons de première classe des terminaux parisiens et londoniens de l’Eurostar, ce train magique qui relie une île à un continent, mais aussi favorise la circulation des idées et des imaginaires, Starck a eu l’occasion de renouer avec ses premières années en prolongeant ses dessins d’enfant de 2006 à 2007: directeur artistique pour Virgin Galactic, en charge du projet de libéralisation et de démocratisation du tourisme spatial.
C’est dans une même démarche démocratique que Philippe Starck revisite en 2013 la carte de transport de la région Ile-de-France, la Carte Navigo, pour en faire un emblème de démocratisation de la qualité. Et en offrant à cet objet quotidien et grand public les apparats d’un objet rare – aspect épuré et lignes élégantes, le créateur fait la preuve une nouvelle fois que l’exigence du beau n’est l’apanage d’aucune élite. Avec le vélo urbain Pibal (2012) créé pour la ville de Bordeaux, Philippe Starck s’attache à répondre aux enjeux des villes contemporaines, ceux d’une mobilité écologique et partagée. « Une réponse inventive et juste aux nouvelles questions », résume-t-il.
Créateur complet, à la vision globale, Philippe Starck tient à appliquer à son amour de la mobilité la même exigence – subversive il y a vingt ans, incontournable aujourd’hui – de dignité vis-à-vis de notre monde et de notre histoire. En compagnie de scientifiques, il développe ainsi actuellement de nombreux projets : des bateaux (de 2 à 145 mètres de long) hybrides solaires, hydrogènes, à voile. Il est aussi dépositaire de brevets sur de nouvelles surfaces photovoltaïques et travaille sur un concept touristique sans impact sur la nature. Il n’y a décidément pas de science et de miracles technologiques sans intuition poétique…
« Offrir à nos enfants une autre histoire, un autre romantisme. » Philippe Starck
Créateur polymorphe perpétuellement nomade à parcourir le monde en compagnie de sa femme et muse Jasmine, toujours présent là où l’on ne l’attend pas (à l’image de la vie, « ce qui arrive lorsque nous faisons d’autres projets », plaisantait John Lennon), à la recherche de l’élégance naturelle, héros de l’obligation démocratique, Philippe Starck n’a jamais renoncé à ses espoirs, désirs, visions, devoirs et se révèle en honnête homme, dans la pure lignée des artistes de la Renaissance.
De la haute technologie au service de la personne jusqu’à la nécessaire mobilité en passant par l’alimentation, le logement, la production d’énergie ou encore le vêtement, aucun aspect de la vie quotidienne, dans toutes ses implications, n’a échappé à son regard visionnaire, poétique et subversif. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Tout concerne Philippe Starck. D’une prise de conscience précoce sur nos modes de vie périlleux, il a tiré une énergie accrue, une volonté décuplée de partager sa vision, celle qui s’inscrit dans la « grande image », l’histoire de notre évolution.
Parce que nous assistons à de nombreux changements – certains positifs, d’autres catastrophiques, il est urgent pour Philippe Starck de tenter d’y répondre. Et c’est en orientant le design vers le futur, le politique, la responsabilité que le créateur tente d’apporter une pierre à l’édifice d’un monde nouveau. Conscient que le passage sur terre implique une responsabilité, il promeut le « courage d’exister », de s’inventer et de se réinventer, de jouer un rôle dans l’évolution et les mutations contemporaines. Parce que « quoi que l’on fasse, qu’on en prenne ou non la mesure, on sera très vite obligés d’aller vers la décroissance, or il est dans l’ADN de l’homme de progresser. Ainsi, ce sera le sujet des prochaines années : trouver le modèle de décroissance positive qui nous sauvera. » Si le design ne peut répondre à toutes les questions, il peut néanmoins apporter sa contribution vigilante. Ce combat, Philippe Starck l’a toujours porté : du design démocratique jusqu’à l’écologie démocratique, il souhaite avant tout créer des objets accessibles, écologiques, pour le plus grand nombre. Ainsi, quelques décennies après ses premiers combats pour que ses créations soient accessibles à tous, le présent lui a donné raison : de la priorité à donner à la défense de l'environnement à la nécessité de quitter cette planète, nous sommes tous impliqués dans cette histoire – la nôtre. Refuser l’état des choses ne suffit pas, il faut agir résolument pour le bouleverser. Ni plus ni moins, c’est une révolution que Starck se propose de mener : celle de notre mode de vie, pour que la vie, précisément, persiste. Nécessaire et indispensable, cette lutte pour l’écologie démocratique est pourtant foncièrement joyeuse et vivante, interrogeant nos pratiques pour nous inciter à en changer, pour enfin accéder à un marché moral.
Philippe Starck n’a de cesse de démontrer que quelles que soient sa taille et sa vocation, l’objet honnête – on évoquait en préambule la démarche d’honnête homme du créateur Starck – propose ce qui peut se faire de mieux, de plus efficace, de plus utile et de plus respectueux, pour un minimum de matière. Car la partie la plus intelligente de la production humaine se retrouve toujours dans l’idée de réduire la matérialité, d’aller vers la légèreté et l’invisibilité tout en augmentant la compétence. Le futur, pour Starck, ne peut être une question de matières : « L’homme n’a besoin de rien de matériel, seulement de capacité à aimer, d’intelligence, d’humour et d’éthique. »
La générosité de son activité, qu’il ne veut restreindre à aucun champ ni à aucune élite, nous révèle que derrière le créateur célébré, récompensé, médiatisé, se tient un homme aspirant au meilleur pour tous ses semblables.
Figure majeure de la scène culturelle mondiale, exposé dans les plus grands musées (au Centre Pompidou, au Guggenheim et MoMA de New York et de Kyoto…), à l’avant-garde des préoccupations contemporaines d’environnement, de responsabilité, de service rendu, sujet de nombreux livres, sollicité fréquemment par les médias, professeur à la Domus Academy à Milan et à L'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris, Philippe Starck est salué pour la singularité, la rigueur et la qualité de son travail. Aujourd’hui, son nom et le personnage appartiennent quasiment au domaine public, preuve en est la présence de sa statue de cire au mythique Musée Grévin à Paris. Pour tous, Philippe Starck incarne l’aspiration à une vie meilleure, hic et nunc, bien sûr, mais aussi pour demain.
Depuis sa consécration comme Officier des Arts et des Lettres en 1985 (puis comme Commandeur en 1998), Philippe Starck s’est vu honorer de plus d’une centaine de prix et décorations : la médaille de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, en 2000, qui atteste une nouvelle fois de la reconnaissance de son pays.
Son rayonnement dépasse nos frontières : en témoignent le President’s Award de l’association britannique D&AD en 2006 et le Harvard Excellence in Design Award décerné par la prestigieuse université américaine en 1997.
Son parcours – et l’éloge du déplacement libéré des contraintes qui le sous-tend – a été consacré lorsqu’il accepte en 2008 le poste de Directeur Artistique de la Présidence Française de l’Union Européenne, puis, en 2009, celui d’Ambassadeur de la Créativité et de l’Innovation.
Il est sollicité sans relâche afin de partager son expérience, sa vision, aussi bien par des conférences internationales que par les firmes qui se reconnaissent dans son travail aux milles facettes, quand elles n’ont pas été inspirées par sa démarche de précurseur. Son expertise rayonne bien au-delà du monde du design. Il a tout simplement défini de nouveaux paradigmes pour notre existence.
« La vie ne vaut que par ce qu’elle vous a permis d’apprendre et par les occasions qu’elle offre de transmettre. » Philippe Starck
Son souci pour la démocratie, qu’elle touche à l’écologie ou à la créativité, se double d’un désir pédagogique, de mettre en avant l’intelligence, la créativité, les idées, dans tout ce qu’elles ont de plus fascinant. Ainsi, en juin 2009, il a initié et animé La Nuit des Idées sur Canal +, au cours de laquelle il a présenté la fameuse Ted Conference, pour démontrer que le bouillonnement des cerveaux concourt à notre bien vivre, notre bien être. Starck aime à rappeler la fameuse maxime de Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce aisément. »
Avec Futur par Starck, documentaire diffusé en juin 2013 sur Arte, le créateur invite cette fois à découvrir les hommes et les femmes qui inventent le monde de demain. Face à la caméra, Philippe Starck dialogue avec l'astronaute Jean-François Clervoy, l’économiste Jeremy Rifkin mais aussi des scientifiques et chercheurs du monde entier pour évoquer notre futur commun, ses enjeux éthiques, écologiques et économiques.
En réalité, Philippe Starck n’a de cesse de vouloir communiquer les idées. Fasciné par la science, et perpétuellement dans l’exploration, il se lance ainsi dans le projet de création du premier laboratoire de recherche fondamentale sur la pure créativité. Les scientifiques de plusieurs disciplines, qui sont réellement dans la création et non dans son application, travailleront à comprendre comment jaillit la créativité, et à partir de là comment elle pourrait être transmise, enseignée à tous ces gens qui ne se pensent pas créateurs, ou ne s’y autorisent pas, ou ne savent pas comment installer les conditions propices. « Je pense que chaque individu recèle en lui une potentialité créatrice, qu’il pourrait développer si on lui montre comment », résume Philippe Starck. C’est dans le même esprit qu’il envisage de constituer le plus grand cerveau jamais créé en fédérant les 220 millions de chômeurs pour les transformer en penseurs : « J’aimerais créer le plus grand think tank afin d’avoir un outil capable de répondre aux grandes priorités et aux grands enjeux de notre société. »
Pour la première fois, en 2012, Philippe Starck accepte de se livrer dans un livre d’entretien pour mieux, là encore, partager son existence. Avec Impression d’Ailleurs, cet esprit créatif toujours en avance sur son temps se révèle en vrai pudique, grand sentimental et génial intuitif. Car, comme pour tous ses projets, c’est avec une ambition de vérité qu’il appréhende ses échanges avec Gilles Vanderpooten, à l’initiative du projet.
Ayant toujours regardé de l’autre côté des étoiles et de l’horizon, après plus de trois décennies de créations, Starck tourne plus que jamais son regard vers l’avenir, ce destin qui nous rassemble, en stimulant les vocations, électrisant les esprits : ses gestes sont guidés par l’amour, l’insubmersible passion de son prochain et la résolution intacte de lui construire des lendemains heureux. Si Rimbaud pouvait écrire que « les aubes sont navrantes », Starck n’a pas renoncé à ce qu’elles nous émerveillent.
Par son engagement il souhaite aider sa tribu sentimentale à se replacer dans une perspective fondamentale : celle du progrès de notre humanité mutante au sein de l’univers. En montrant humblement l’exemple, il indique que nous avons tous une responsabilité afin de mériter d’exister : en honorant le lien qui nous unit, en faisant preuve d’invention, de courage, d’intelligence, de créativité, de responsabilité.
Les dates mentionnées sont les dates d’ouverture des lieux et de lancement des produits.