« Miss Sissi, c’est un drôle d’objet, un drôle d’ovni. Vers 1990, tout le monde est sous l’influence de Richard Sapper et de sa Tizio. Aussi, quand Flos, une grande vieille maison extraordinaire qui a accueilli les plus grands designers et la plus grande qualité de design, me demande de faire une lampe, je me dis que je vais peut-être faire autre chose et prendre le problème autrement. Parce que je constate que tout le marché est recouvert d’une sorte de forme de lampe unique, la Tizio, mais quand on veut tout bêtement une lampe, une lampe normale qui ne pose pas de question, peu bavarde, eh bien, ça n’existe plus. Donc, je me dis : « On va créer un archétype. » Et la Sissi sera en effet pour moi le début d’un travail basé sur la mémoire collective. Comme si j’ouvrais la boîte crânienne de plusieurs personnes dans la rue, que j’y coule du plastique, que je la referme, que je la rouvre, et que je sorte cette lampe, une espèce de lieu commun. Le lieu commun m’a toujours intéressé. Je me rappelle un jeu d’enfant. Quand les enfants posent aux grands la question : « Qu’est-ce que c’est un animal ? », les gens répondent invariablement :« un lion » ou « un éléphant », il n’y a pas beaucoup le choix. « Donne-moi une couleur. » , c’est toujours :« rouge. » Pour :« Dessine-moi une maison. », la maison est forcément comme ça. « Un instrument de musique ? », ça va être un tambour ou, au maximum , une trompette. Et si la demande est de dessiner une lampe, eh bien ,voilà, c’est Miss Sissi, qui n’a jamais été dessinée par moi mais par nous tous, et pour notre plus grand bonheur. Finalement, en la faisant d’une façon ultramoderne, en plastique injecté, elle coûtait peu cher, avec de multiples couleurs. Il n’y avait même pas une volonté de ma part d’imposer un goût, une esthétique particulière, c’était vraiment un véritable service. » Ph.S
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